L’interprétation des tests diagnostiques, un moyen de se poser en intervenant majeur - La Semaine Vétérinaire n° 1597 du 19/09/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1597 du 19/09/2014

Formation

RUMINANTS

Auteur(s) : Lorenza Richard*, Sébastien Buczinski**

Fonctions :
*université de Montréal au Québec

Comment montrer notre valeur ajoutée à nos éleveurs en termes d’examens complémentaires ? », interrogeait Sébastien Buczinski lors des journées nationales des groupements techniques vétérinaires (GTV), le 21 mai dernier. Les examens complémentaires disponibles sont en effet de plus en plus nombreux pour un usage en exploitation et à un coût abordable (imagerie, biochimie, tests immunologiques ou bactériologiques, etc.). Afin de valoriser l’acte vétérinaire face aux autres intervenants de l’élevage, notre confrère conseille de démontrer notre capacité à choisir le test diagnostique adapté et, surtout, à interpréter son résultat. « Si le praticien ne réalise que des gestes techniques, il est perçu comme un technicien comme un autre : il doit donc se vendre comme sachant interpréter les tests, c’est-à-dire comme un intervenant majeur », a-t-il déclaré.

UN CONTEXTE DONNÉ

Avant de proposer un test, il convient de le choisir, de le maîtriser et de savoir quels renseignements il est susceptible de fournir dans la situation donnée : « Un profil biochimique peut être moins cher que deux ou trois paramètres, mais avoir une idée avant de réaliser le profil complet permet de trouver du sens aux paramètres modifiés », a précisé notre confrère. De plus, il est notamment nécessaire de rappeler que 5 % des animaux ont des valeurs physiologiques qui sortent des normes biochimiques usuelles et que cela peut fausser l’interprétation. Quel que soit le test utilisé, Sébastien Buczinski met en garde : « Si le vétérinaire ne sait pas ce qu’il cherche, il ne saura pas expliquer le résultat, et l’éleveur pensera qu’il a payé pour obtenir une information qui ne lui est pas utile. »

Lorsque le praticien effectue un test, il peut dire s’il le réalise pour établir un diagnostic, obtenir un pronostic ou évaluer la réponse à un traitement. Il a également la possibilité d’expliquer qu’il n’administrera un traitement qu’au-dessus d’un certain seuil de probabilité, et que la réponse au test ne signifie pas la même chose suivant le contexte. Par exemple, une valeur de β-hydroxybutyrate de 2 mmol/l n’est pas interprétée de la même façon chez une vache apparemment en bonne santé lors d’un suivi de troupeau et chez une autre qui présente un déplacement de caillette à gauche et une hypercétonémie : un traitement individuel est inapproprié dans un cas alors qu’il est indispensable dans l’autre.

RATIO DE VRAISEMBLANCE

Le vétérinaire peut surtout montrer qu’il connaît les limites des tests et expliquer qu’une erreur est possible, car « si dans un monde idéal, un test permet de distinguer un animal malade ou sain, les résultats peuvent fournir des faux positifs et des faux négatifs. » Les notions de sensibilité (Se) et spécificité (Sp) peuvent être exposées, ainsi que les conséquences de la variation de leurs valeurs sur l’interprétation des résultats : un test plus sensible détecte les malades, un autre plus spécifique identifie les non-malades. Le ratio de vraisemblance (1-Se)/Sp peut également être utilisé pour déterminer la probabilité qu’un animal soit vraiment négatif lorsque le test est négatif. Le diagramme de Fagan (1975)1 permet de tracer une droite entre la probabilité prétest (qui n’est qu’une idée que nous pouvons en avoir d’après notre expérience et le contexte précis, les symptômes et l’historique de troupeau) et la probabilité post-test selon ce ratio de vraisemblance. Selon la probabilité obtenue, le praticien a la possibilité de proposer à cet éleveur de confirmer ou d’infirmer ce résultat par un second test.

Sébastien Buczinski nous conseille ainsi de montrer notre raisonnement clinique et de répondre avec des données formelles, afin de nous distinguer comme des professionnels qui maîtrisent leurs outils diagnostiques.

  • 1 Voir l’article à paraître dans Le Point Vétérinaire fin 2014.

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