Reportage
Auteur(s) : MYRIEM LAHIDELY
Au-dessus de Toulon, à près de 600 m d’altitude, le parc zoologique du Mont-Faron s’est spécialisé dans la reproduction des fauves. Des vétérinaires du Cresam, une association impliquée dans la préservation des espèces en danger, s’y rendent pour développer des techniques novatrices.
Après avoir été spécialiste du dressage de fauves pour le cirque, puis le cinéma et la publicité, la petite réserve du Mont-Faron s’est peu à peu orientée vers la reproduction des grands félins en voie de disparition. Elle s’y consacre depuis 30 ans et se veut à la pointe de la recherche dans ce domaine en France. « Nous possédons une vingtaine d’espèces de fauves presque toutes menacées d’extinction dans leurs pays d’origine, résume Jim Jacquet de Souza, le directeur de la fauverie. Au début, nous procédions à des échanges pour augmenter le cheptel, mais, rapidement, la question de leur reproduction est devenue une évidence », confie-t-il. Cette réserve, qui s’étend sur 2 ha à peine, a vu naître ces dernières années une dizaine d’animaux par an. Trois pumas (un mâle et deux femelles), un caracal, deux lynx mâles et un chat des marais femelle y ont vu le jour en 2013. Parmi les autres naissances, deux tigres et cinq pumas ont été répertoriés en 2011, ainsi que trois panthères, deux pumas et un tigre en 2010.
Le minizoo du Faron compte aujourd’hui une cinquantaine d’animaux : jaguars lions, tigres, hyènes, pumas, léopards, panthères, caracals, etc., mais aussi des lynx, des loups, des ratons laveurs. « Chaque année, ces animaux nous permettent de procéder à des échanges avec d’autres parcs zoologiques français et des dons », indique Corinne Esser, praticienne à La Valette-du-Var et vétérinaire de la fauverie.
« De chez nous partent des animaux adultes, mais aussi des semences », poursuit-elle. La fauverie, qui participe à plusieurs programmes de conservation, ouvre, en effet, ses portes au Cresam (Conservation et reproduction des espèces sauvages africaines menacées). Cet organisme indépendant constitué de vétérinaires, de spécialistes de la reproduction animale et de généticiens, est venu une dizaine de fois déjà depuis 2003 “utiliser” le matériel génétique des grands carnivores du parc. « L’objectif de notre groupe est de favoriser une diversité génétique qui n’existe plus à l’état sauvage. Il faut être capable d’inséminer des femelles avec des mâles les plus distants possible génétiquement », explique Xavier Lévy, vétérinaire au Centre de reproduction des carnivores du Sud-Ouest (Crecs) à L’Isle-Jourdain1 et membre du Cresam. « Faire naître les fauves en milieu naturel est, en effet, beaucoup plus efficace que de réimplanter de jeunes animaux », observe son confrère Jean-Marc Elbaz, vétérinaire à Paris.
Dans cet objectif (particulièrement important pour le guépard), le Cresam a réalisé les premiers travaux mondiaux sur le suivi de la maturation folliculaire ovarienne par échographie : une maîtrise des cycles sexuels qui permet de déclencher l’ovulation au moment optimum et, ainsi, d’augmenter la fécondité des félidés sauvages. Il a, entre autres, mis au point une technique d’insémination non-invasive (sans chirurgie) par vidéo-endoscopie (vidéo-vaginoscopie). Une première mondiale. « Cela permet d’inséminer sans stress des femelles en milieu naturel », précise Xavier Lévy.
Les recherches du Cresam ont également abouti à la standardisation d’une méthode de prélèvement de semence sur des animaux nés en captivité, pour récolter du sperme de qualité en quantité suffisante, congelé et décongelé sans dommages grâce à la création de dilueurs spécifiques. Autant d’axes de travail sur lesquels le parc du Mont-Faron, en leur prêtant ses animaux, a permis à ces vétérinaires d’être des pionniers : les premières inséminations chez les fauves réalisées par le Cresam en Afrique du Sud ont été possibles grâce à des prélèvements effectués sur deux lions de la fauverie.
En février dernier, trois vétérinaires de cet organisme sont revenus dans ce petit zoo toulonnais pour des manipulations sur des hyènes rayées. Ils y avaient déjà effectué des essais cliniques sur des hyènes brunes et tachetées pour mettre au point des protocoles d’anesthésie et d’électro-éjaculation, réaliser des échographies (abdominales et ovarienne, etc.). « Peu d’expériences sont menées sur ces carnivores dont la reproduction est inconnue. Nous travaillons au contrôle du cycle des femelles que nous voulons affiner, indique Xavier Lévy. La fauverie du Mont-Faron est l’un des rares parcs zoologiques français à autoriser gratuitement des anesthésies sur des animaux pour des prélèvements et des études. » La vétérinaire des lieux, en habituée qui assure en amont une partie du travail (administration, préparation des animaux à l’anesthésie, implants pour déclencher les chaleurs, etc.), rappelle que « même avec des protocoles éprouvés, une anesthésie reste potentiellement dangereuse. C’est pourquoi peu de parcs acceptent de prêter leurs animaux. »
1 Le seul centre spécialisé “privé” français dédié à la reproduction et à l’obstétrique du chien et du chat.
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