Entre nous
Forum
Auteur(s) : SERGE TROUILLET
Laurent Perrin, praticien mixte à Valençay (Indre).
Pour le moins, je suis surpris ! Lorsque la Commission européenne a émis un avis sur les professions réglementées, elle a placé les vétérinaires parmi les bons élèves. Par ailleurs, ne sommes-nous pas d’importants pourvoyeurs d’impôts, des collecteurs de taxes et de TVA ? N’appartenons-nous pas à la catégorie des entrepreneurs, tant louée par notre Premier ministre, quand la moyenne, par structure vétérinaire, s’élève à 2,5 confrères et autant de salariés non vétérinaires ? Ne jouons-nous pas un rôle sanitaire indispensable ? Dans le rapport de l’Inspection générale des finances (IGF), figure le tableau d’un sondage indiquant que 6 % des personnes interrogées pensent que le service n’est pas de qualité. Cela ne sous-entend-il pas que 94 % des sondés ne pensent pas de cette façon ? Enfin, le revenu médian des vétérinaires est loin d’être en tête des revenus listés ! Nous ne pouvons accepter d’être désignés ainsi comme des profiteurs du système. Le rapport préconise, en outre, la suppression du numerus clausus à l’entrée de l’école. D’une part, cela n’empêchera pas les étudiants qui ne veulent pas passer le concours en France d’aller se former à l’étranger, avant de revenir pour exercer. D’autre part, le nombre d’élèves ne sera pas augmenté sans mettre de moyens en face. Ou alors leur formation en souffrira ! Les rapporteurs pensent-ils qu’ouvrir le numerus clausus pourra se faire à budget constant ?
Sophie Le Dréan-Quenec’hdu, praticienne canine à Melesse (Ille-et-Vilaine).
Le traitement médiatique est plus exaspérant que le rapport lui-même. Il en ressort que certaines professions, dont la nôtre, sont protégées et s’enrichissent aux dépens des autres. Nous serions des rentiers. Le vocabulaire choisi est caricatural et laisse à penser que nous gagnons notre vie de façon malhonnête.
Il y a certainement des réformes à engager. Le pire serait de laisser croire que, par pur corporatisme, nous ne les accepterions que chez les autres. Nous devons nous concentrer sur la défense de notre cœur de métier, la santé animale de manière générale, y compris en nous impliquant dans des domaines où nous ne sommes pas suffisamment nombreux, tels que la faune sauvage ou l’apiculture. Il s’agit de secteurs où le vétérinaire ne gagne pas forcément beaucoup, mais qui ne sont pas neutres en termes d’épidémiologie et de santé publique.
La conservation de notre indépendance est un autre cheval de bataille. L’ouverture sans restriction du capital aux non-professionnels ne me gêne pas pour des structures qui ne vendraient que des croquettes, ne feraient, par exemple, que des analyses ou seraient spécialisées dans l’imagerie médicale. Mais dès lors qu’il y a des actes qui ont un impact sur la santé publique ou le bien-être animal, la décision doit revenir aux techniciens que nous sommes, en toute indépendance.
Hervé Doz, praticien mixte à Saint-Sauveur-de-Montagut (Ardèche).
Personnellement, je vis assez mal ce genre d’attaque contre notre profession. Nous sommes présentés comme des voleurs qui captent à leur profit du pouvoir d’achat aux Français. C’est quand même le gouvernement qui a augmenté l’année dernière la TVA de 0,4 % ! S’il veut que la profession vétérinaire rende du pouvoir d’achat, qu’il la classe parmi les professions de santé. Avec la suppression de la TVA sur nos honoraires, nos factures baisseront mécaniquement d’autant !
Nous nous doutions bien qu’après le rapport Attali, celui de la commission pour la libération de la croissance française, en 2007, les professions réglementées étaient restées dans le collimateur du gouvernement. Mais après l’épisode sur le découplage, à l’automne dernier, et celui récurrent de l’utilisation des antibiotiques, cela commence à faire beaucoup pour les vétérinaires. Trop, c’est trop !
Nous exerçons une mission de service public et nous sommes payés avec des honoraires de femme de ménage. Oui, les médicaments sont chers et nous devons facturer avec tact et mesure. Je ne serais pas contre l’idée d’un prix de médicament vétérinaire unique, partout et pour tous, et moins cher, qui nous permette de fixer les tarifs de nos actes à leur juste valeur. Ce rapport m’inspire de la colère et la conviction que cela ne changera pas grand-chose sur le pouvoir d’achat de nos compatriotes.
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