Manifestation contre l’abattage sans étourdissement à Bruxelles

Des milliers de participants – 7 500 selon la police, 10 000 selon les organisateurs – ont défilé dans les rues de la capitale jusqu’au lieu symbolique du Palais de justice. « Du jamais vu en Belgique! », se sont exclamés Ann de Greef et Michel Vandenbosch, respectivement directrice et président de Gaia, une association de protection animale belge qui compte quelque 20 000 adhérents.

Cette mobilisation constitue un signal fort envoyé aux hommes politiques. La manifestation est un appel à modifier la loi sur le bien-être animal, afin que l’étourdissement soit obligatoire, y compris lors des abattages rituels.

Une souffrance scientifiquement démontrée

Au lendemain de cette marche, Carlo Di Antonio, ministre du Bien-Être animal, a annoncé au Parlement wallon sa volonté de faire évoluer les pratiques et les réglementations dès 2015. L’objectif est que chaque animal subisse un étourdissement avant sa mise à mort, quelles que soient les circonstances ou le lieu d’abattage. Carlo Di Antonio rencontrera les acteurs concernés afin de trouver un consensus « nécessaire pour parvenir à une mise en œuvre rapide d’une solution respectueuse des convictions de chacun et du bien-être animal en Wallonie ». Le ministre reconnaît que l’abattage sans étourdissement occasionne aux animaux une souffrance scientifiquement démontrée. Il convient de noter que Ben Weyts, ministre flamand du Bien-Être animal, avait annoncé, deux semaines auparavant, l’interdiction de mettre à mort des animaux sans étourdissement dans les abattoirs temporaires à partir de 2015.

Des vétérinaires dans les rangs des manifestants

En marge de la manifestation et en accord avec la Fédération vétérinaire européenne (FVE)¹, l’Union professionnelle vétérinaire belge (UPV) a déclaré, dans un communiqué diffusé en amont de l’événement, que « la pratique de l’abattage sans étourdissement préalable est inacceptable en toutes circonstances », notamment car elle « retarde la perte de conscience, parfois de plusieurs minutes. Pendant cette période de conscience, l’animal peut être exposé à une douleur et une souffrance inutiles dues à des plaies ouvertes, la possible aspiration de sang et, dans le cas des ruminants, de contenu du rumen, la possible souffrance par asphyxie après la section du nerf phrénique et du nerf vague ». L’UPV a également appelé les décideurs politiques à rendre prioritaire l’arrêt de l’abattage sans pré-étourdissement.

Les confrères réunis autour d’une banderole

Répondant à l’invitation spontanée d’une consœur flamande, plusieurs dizaines de vétérinaires ont grossi les rangs des manifestants. Futurs diplômés, retraités, praticiens en clientèle canine ou rurale, inspecteurs dans les abattoirs, etc. Tous étaient reconnaissables grâce à leur signe de ralliement : un stéthoscope autour du cou. Durant le défilé, ils ont fièrement brandi une pancarte où était écrit en flamand : « Vétérinaires pour le bien-être animal ».

La solidarité des confrères autour de cet événement représente un beau symbole pour Gaia, qui a placé l’expertise vétérinaire au cœur de sa démarche de défense du bien-être animal.

• 1 http://www.fve.org/news/publications/pdf/2010_poster_ritual_slaughter.pdf