Comparaison de deux observations cliniques associant des tumeurs spléniques et pulmonaires

Une tumeur splénique est mise en évidence par palpation abdominale et échographie chez deux chiens de 11 et 13 ans. Dans chaque cas, un bilan d’extension est réalisé par scanner avant d’envisager une intervention chirurgicale. Dans les deux cas, une tumeur pulmonaire unique du lobe caudal droit est découverte, et aucun nœud lymphatique n’est envahi. L’option chirurgicale est retenue pour les deux animaux. La rate et la tumeur pulmonaire sont retirées.

RÉSULTATS DE L’EXAMEN HISTOLOGIQUE

Premier cas

Chez le premier chien, l’analyse histologique révèle la présence d’un adénocarcinome tubulopapillaire pulmonaire et d’un nodule d’hyperplasie splénique. L’intervention chirurgicale des nodules d’hyperplasie splénique est curative, et la médiane de survie après la lobectomie est de 555 jours pour les tumeurs primitives du poumon de type papillaire T1N0M0¹. Ce chien est euthanasié 17 mois après l’intervention pour des raisons médicales indépendantes (hypercorticisme d’origine hypophysaire et troubles du comportement).

Deuxième cas

Concernant le deuxième animal, l’examen révèle un carcinome bronchogénique et un hémangiosarcome splénique. La médiane de survie après la splénectomie seule est de 86 jours lors d’hémangiosarcome². Les tumeurs pulmonaires bronchiques ont un pronostic très réservé, avec un potentiel métastatique de 50 %. Ce chien est euthanasié après deux mois en raison d’un épanchement abdominal hémorragique (probables métastases abdominales).

DISCUSSION

Les tumeurs primitives du poumon sont rares chez le chien (1 % de l’ensemble des tumeurs). Ainsi, lorsqu’une tumeur pulmonaire est associée à une autre de la rate, la logique conduit à penser qu’il s’agit d’une métastase pulmo­nai­re plutôt que d’un deuxième cancer. Un bilan d’extension positif est un facteur défavorable. Cette découverte peut donc inciter les propriétaires à ne pas s’engager dans des soins. Dans les deux cas présentés, les résultats des scanners sont en faveur de deux processus tumoraux différents. Les propriétaires sont particulièrement motivés, l’option chirurgicale est, par conséquent, retenue. Les résultats des analyses histologiques se révèlent radicalement différents, et l’issue des soins n’est pas la même pour les deux chiens.

Ces observations décrivent une situation complexe, où le bilan d’extension entraîne des décisions difficiles à prendre. Elles montrent aussi l’intérêt de réaliser systématiquement des analyses histologiques, dont le résultat peut réserver des surprises, qui se révèlent parfois bonnes.

• 1 Polton G.A., Brearley M.J., Powell S.M. et coll. Impact of primary tumour stage on survival in dogs with solitary lung tumours. J. Small Anim Pract. 2008;49(2):66-71.

• 2 Wood C.A., Moore A.S., Gliatto J.M. et coll. Prognosis for dogs with stage I or II splenic hemangiosarcoma treated by splenectomy alone: 32 cases (1991-1993). J. Am Anim Hosp Assoc. 1998;34(5):417-21.