L’homme qui plantait des arbres

Wim Wenders sait mettre son talent au service de ceux qu’il admire. Dans ce documentaire consacré à la vie et l’œuvre du grand Sebastião Salgado, coréalisé avec le fils de ce dernier, le cinéaste s’efface devant le photographe. Les images noir et blanc du brésilien, critiqué parfois pour esthétiser la détresse humaine, sont toutes spectaculaires. Bien au-delà du réel qu’elles dénudent, elles impressionnent par leur composition étourdissante et l’aura biblique qui s’en dégage (la référence à l’iconographie judéo-chrétienne est constante). Tandis que le film nous les offre plein écran, le photographe commente leur genèse, avec une précision étonnante. Humaniste, engagé auprès des populations démunies, il a témoigné des grandes tragédies de la fin du xx^e siècle : la famine au Sahel, la guerre du Golfe, le génocide des Tutsis… Au Rwanda, « Sebastião a vu le cœur des ténèbres », commente Wenders. Il doute alors de son rôle de grand témoin de la condition humaine et retourne dans la ferme familiale au Brésil. Face à la désolation des collines érodées par la déforestation et l’élevage, il y replante deux millions et demi d’arbres. En dix ans, la forêt atlantique renaît du désert. Ce succès l’encourage à repartir et réaliser Genesis, hymne monumental à la pureté originelle de la nature, des animaux et des peuples. Avec le parcours d’un homme d’exception, c’est également l’éveil d’une conscience écologique, emblématique de notre siècle, que célèbre ici Wenders.

Le sel de la terre de Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado, France, 1 h 49, sorti le 15 octobre.