Formation
ANIMAUX DE COMPAGNIE
Auteur(s) : Gwenaël Outters*, Emmanuel Gaultier**
Fonctions :
*diplômé du Collège européen de médecine vétérinaire comportementale, praticien à Cabrières d’Avignon (Vaucluse)
En pays charolais, la clinique vétérinaire située à Dompierre-sur-Besbre développe une activité mixte dans un environnement professionnel des plus agréables. La structure lui permet de développer des activités rurales, canines et équines.
Le syndrome HS-HA chez le chat est, depuis quelques années déjà, décrit par les comportementalistes du groupe d’étude en comportement des animaux familiers (Gecaf) de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac). Il a donc été logiquement intégré à leur nouvelle nomenclature dans cette espèce dans les troubles liés au développement.
Ce syndrome réunit deux composantes. L’hypersensibilité se manifeste par un animal hypervigilant, qui réagit à tout et est incapable de filtrer les informations qu’il perçoit. L’hyperactivité engendre un comportement moteur hypertrophié et non contrôlé. La comorbidité est souvent présente (autonomopathie en particulier et/ou schézipathie).
– Pour les propriétaires, il s’agit d’un chat qui bouge beaucoup (« surtout entre 18 et 21 heures ! »), casse des objets (« maladroit »), tolère peu la contrainte, dort mal, agresse parfois, voire souvent (regarder les bras des propriétaires).
– En consultation, le comportement exploratoire est exacerbé, non structuré et sans marquage. Le chaton tenu par la peau du cou se met en hyperextension au lieu de se recroqueviller, hurle, griffe et agresse.
Ce syndrome est scindé en deux stades, même s’il existe un continuum dans ces deux expressions.
L’hypervigilance se manifeste en particulier par le déclenchement de séquences de prédation, durant la nuit, sur les propriétaires, au cours de mouvements volontaires pendant leur sommeil. Ces chats sont incapables d’arrêter une séquence après la phase consommatoire et réenclenchent automatiquement une phase appétitive. Cette absence de phase d’arrêt se traduit par des jeux incontrôlés et parfois par une absence de satiété (rare en stade 1). La morsure n’est pas inhibée et la rétractation des griffes n’est pas contrôlée. L’autonomopathie souvent conjointe (défaut de détachement) rend ces chatons incapables de rester seuls et de structurer leur territoire de façon cohérente.
Le passage en stade 2 est marqué par une diminution drastique de la quantité globale du sommeil et une absence de satiété.
Il s’agit d’un syndrome grave, de plus en plus fréquent et aux conséquences parfois dramatiques, tant du point de vue des lésions que l’animal peut infliger à ses propriétaires que de sa propre survie. Il trouve ses origines dans une adoption trop précoce en l’absence d’un adulte régulateur compétent. En effet, le développement comportemental du chat est extrêmement rapide et l’absence d’apprentissage et de régulation précoce ne peut être rattrapée.
Face à un animal malade, le vétérinaire doit évaluer le danger et gérer la demande des maîtres. En amont, il convient de conseiller les éleveurs et les propriétaires souhaitant faire reproduire leur chatte quant aux manipulations à effectuer sur les chatons (apprentissage des autocontrôles par le jeu, régulation des séquences, récompense des séquences d’arrêt, punition éthologique au besoin, etc.).
D’autres maladies comportementales peuvent être confondues avec ce syndrome.
Les aploutobiopathies sont les maladies comportementales secondaires à un appauvrissement de l’environnement (anciennement “anxiété du chat en milieu clos”). Ces affections sont également caractérisées par des séquences de prédation sur les propriétaires avec des phases d’hyperactivité par crises. Cependant, la sémiologie met en évidence un milieu hypostimulant et un chat présentant, en dehors de ces crises, des comportements structurés, surtout lorsqu’il est davantage stimulé.
Les schézipathies sont les affections comportementales provenant d’un trouble de la relation. Le chat tolère peu la contrainte mais la séquence d’agression est reconnaissable, contrairement au syndrome HS-HA. De plus, il n’existe pas d’hyperactivité et les autres comportements sont structurés.
Le chaton est alors hypersensible et réagit à tout, mais il exprime des manifestations de peur à l’exposition de certains stimuli.
Le développement du chat est caractérisé par une brève période sensible d’acquisition des autocontrôles (aux alentours de la cinquième semaine de vie). C’est pourquoi la récupération spontanée est rare. Au contraire, les interactions punitives des propriétaires excédés conduisent généralement au développement de troubles de la relation. Les propriétaires, à bout, réclament souvent l’euthanasie.
Le pronostic de cette affection est donc réservé et dépend de l’âge, de l’environnement (présence d’enfants, de chats adultes régulateurs) et de l’attitude des maîtres.
La médication est obligatoire et doit être envisagée sur le long terme (6 à 9 mois), voire de façon définitive. Plus elle est initiée précocement et prescrite de façon prolongée, plus elle est profitable.
Bien que l’amertume des comprimés rende l’administration difficile, la sélégiline (1 mg/kg/j) est la molécule de choix au stade 1.
Au stade 2, un inhibiteur strict de la recapture de la sérotonine est utilisé. La fluoxétine est administrée à la dose de 1 mg/kg/j, sans effet secondaire majeur si ce n’est une anorexie transitoire. Certains animaux ne répondent qu’à 2 mg/kg/j, mais les effets secondaires sont alors marqués (anurie, constipation). Cette prescription à forte dose doit être mûrement réfléchie chez le chaton.
Les éléments de thérapie comportementale visent à apprendre au propriétaire à déculpabiliser l’animal et à supprimer les facteurs d’excitation. Le propriétaire doit comprendre que son animal « souffre d’un handicap » et le recadrage est une phase importante de l’énoncé de la thérapie. En effet, le comportement de ce chaton conduit à une grosse déception de la part des maîtres qui réagissent par des punitions, provoquant des troubles anxieux. Il faut apprendre à l’animal à produire des séquences d’arrêt, par exemple au cours de jeux qui doivent être interrompus avant que l’excitation ne monte, dans le plus grand calme. Il convient également de supprimer les facteurs d’aggravation comme les bagarres ou les jeux désordonnés. Dans certains cas, un détachement éthologique (brut et soudain) peut apporter une résolution de problèmes. Des guérisons ont été observées suites à un stress important (accident, choc).
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