Conte de la Chine moderne

Aux premières lueurs du matin, dans les parcs des grandes métropoles chinoises, il est commun de voir des citadins se promener avec des cages à oiseaux, qu’ils accrochent aux arbres pour inciter leur occupant à chanter. Si l’oiseau est un véritable animal de compagnie en Chine, le garrulaxe à sourcils blancs baladé tout au long du film est aussi une allégorie, le lien entre l’homme, la nature et son passé.

Avant de quitter son Sud rural (le magnifique Guangxi) pour travailler à Pékin et offrir à son fils une bonne éducation, Zhigen avait promis à sa femme, décédée depuis, de ramener un jour l’oiseau qu’elle lui avait confié. Dix-huit ans plus tard, alors que son fils est un architecte fortuné – incarnation d’une nouvelle classe aisée chinoise, hypercontemporaine, en rupture avec le passé – il décide de tenir sa promesse. Il doit alors emmener avec lui sa petite-fille, jeune citadine gâtée et connectée dont les parents, entre deux avions, ne peuvent pas s’occuper. Si le décalage social et générationnel marque le début de ce retour dans la Chine traditionnelle, la fillette y découvre l’inconnu : une nature grandiose, des qualités humaines négligées, des racines. Le réalisateur de La Vache et le Président (2000) signe ici la déclinaison asiatique d’un autre de ses films, Le Papillon (2002). Ce conte initiatique aux splendides images séduira le public familial et pourra faire méditer les plus jeunes sur la dislocation de la famille et l’importance du lien aux origines.

• Le Promeneur d’oiseau de Philippe Muyl avec Li Baotian, Qin Hao, Li Xiao Ran, 1h40, UGC Vidéo, 19,99 € le DVD.