Focus sur Aethina tumida, le petit coléoptère des ruches - La Semaine Vétérinaire n° 1608 du 05/12/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1608 du 05/12/2014

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PRODUCTIONS ANIMALES/ABEILLES

Auteur(s) : Samuel Boucher

La première détection du petit coléoptère des ruches (Aethina tumida) en Italie remonte au 5 septembre dernier. Les deux premiers foyers enregistrés se situent dans la région de la Calabre (à l’extrémité sud du pays). Si l’origine de l’infection n’est pas formellement identifiée, le premier foyer se trouve à proximité de l’important port maritime de Gioia Tauro.

Au 25 novembre dernier, 56 foyers ont été confirmés en Calabre et deux autres en Sicile. Jusqu’à présent, les larves d’Aethina tumida ont été détectées dans quatre ruchers seulement sur les 56 foyers. Aethina tumida, jusqu’alors absent en Europe, fait partie de la liste des maladies notifiables à l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE). Il est classé comme danger sanitaire de catégorie 1 dans la réglementation française. En France, pays indemne jusqu’à présent, les vétérinaires apicoles sont particulièrement vigilants, car des échanges d’abeilles ont lieu entre l’Italie et notre pays.

LE PARASITE

Aethina tumida est souvent appelé “petit coléoptère de la ruche”. Cet insecte est connu depuis 1867. Venu d’Afrique, il a gagné les États-Unis d’Amérique à partir de 1996. Actuellement, l’Égypte, l’Australie et le Canada sont colonisés. La source a toujours été une importation de miel ou de produits de la ruche.

Aethina tumida ne provoque pas de maladie. Le parasite prédateur génère des dégâts dans la ruche, spolie la colonie, lui laissant peu de chance de survie, mais il n’attaque pas les abeilles adultes elles-mêmes. L’insecte détruit les cadres, mange les œufs, le miel, les cires et le pain d’abeilles. Il abîme les cellules qui voient leur miel couler et fermenter. La ruche est alors souillée.

La larve mesure 1 cm environ. Elle est blanc crème et peut être confondue de loin avec une larve de fausse teigne. Cependant, elle est dotée de trois paires de longues pattes fines sur sa partie antérieure et chaque segment de son corps porte dorsalement des épines. La présence de deux séries d’épines plus robustes est notée à l’arrière.

L’adulte est petit. Il mesure 5 à 7 mm (un tiers de la taille de l’abeille ouvrière). La pupe se transforme en un adulte brun foncé. Une de ses particularités est d’avoir une tête, un pronotum et un abdomen bien séparés. Les élytres sont plus petites que l’abdomen, ce qui constitue une caractéristique importante pour la diagnose. Le bas de l’abdomen est donc visible. Les antennes sont en forme de massues.

LE CYCLE DU PARASITE

Le parasite peut effectuer, selon les conditions environnementales, un à six cycles annuels. La femelle adulte pond des grappes de petits œufs fécondés qui mesurent 1,5 sur 0,25 mm. Elle choisit de les installer dans des fissures du bois de la ruche ou sur le couvain directement, où ils se retrouvent pris dans les alvéoles. Les larves naissent en deux à trois jours.

Le stade larvaire dure 10 à 15 jours, durant lesquels les larves muent plusieurs fois. Elles sont omnivores et mangent le miel, le pain d’abeilles, les œufs pondus par la reine. La métamorphose intervient au bout de 15 à 60 jours. La nymphose a lieu dans le sol, à l’extérieur de la ruche, dans un rayon de moins de 20 m de la ruche, dans la terre, à une profondeur comprise entre 1 et 30 cm. Rarement, les larves se déplacent jusqu’à 200 m pour trouver un terrain plus adapté à leur métamorphose. Elles apprécient en effet un sol meuble, humide et une terre à plus de 10 °C. Elles n’aiment pas le froid et vivent moins de 3 semaines si la terre n’est pas réchauffée. Les adultes émergent après 3 à 4 semaines mais leur développement est thermodépendant, si bien que la transformation est susceptible de durer entre 8 et 84 jours.

COMMENT LE REPÉRER

Dans une ruche contaminée, les cadres sont creusés de galeries. Le couvain disparaît, mangé par les larves. Le miel change de couleur et fermente. Il coule souvent à l’entrée de la ruche. L’observation régulière de celle-ci et de son contenu est donc essentielle. Le petit coléoptère de la ruche peut être détecté par un simple examen visuel des cadres abîmés, et par la présence de larves caractéristiques et d’adultes. Cependant, il est plus efficace, compte tenu de la taille de l’insecte, de disposer des plaquettes de plastique alvéolé dans lesquelles les coléoptères se logent. La plaquette doit être régulièrement retirée pour observer la présence des insectes. Les papiers d’emballage ondulés des paquets de biscuits peuvent, de la même façon, être utilisés. Toutefois, l’absence de transparence rend le piège moins efficace pour le diagnostic. Un œil averti peut aisément détecter le petit coléoptère.

CONDUITE À TENIR

Les prélèvements suspects doivent être envoyés par le vétérinaire au laboratoire national de référence pour confirmer le diagnostic. Afin d’éviter de contaminer une autre région en cas de perte ou de destruction du colis, il est conseillé de congeler pendant 24 heures les prélèvements à envoyer. Ils peuvent également être plongés dans l’alcool à 70°, s’il s’agit d’adultes.

Dans leur pays d’origine, l’Afrique, les abeilles africaines ont développé une stratégie de lutte efficace : elles emprisonnent les adultes dans de la propolis et évacuent les œufs et les larves de la ruche.

Lors de contamination, l’ensemble du rucher doit être détruit en brûlant les cadres et les ruches, après avoir pulvérisé un insecticide en spray dans ces dernières. La zone est à désinsectiser. La principale difficulté consiste à éliminer les coléoptères lorsqu’ils sont enfouis dans la terre.

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