Le profil de vétérinaire conseil : un recrutement difficile

Dans notre groupe, nous avons des équipes d’urgentistes et de vétérinaires conseils. Concernant la partie urgence, nous ne trouvons pratiquement plus de praticiens qui acceptent de prendre des gardes et des urgences le week-end. Pour la partie conseil, le défi est d’une autre nature. Il s’agit de trouver des confrères qui veulent bien exercer un métier différent de celui qu’ils ont envisagé lorsqu’ils ont débuté leurs études. Il leur faudra abandonner l’urgence au profit du seul conseil et se consacrer à l’analyse, en intégrant d’autres aspects vétérinaires, tels que l’hygiène et l’alimentation.

C’est une façon différente d’aborder le métier, sous l’angle de la prévention plutôt que sous celui de la médecine d’urgence. C’est là que réside la philosophie qui a présidé à la création de Technivet, en 2005. Nous sommes en effet convaincus que l’exercice de la médecine vétérinaire de l’individu, en rurale, devra évoluer définitivement vers la médecine de troupeau. Que soigner un animal signe désormais un échec de la conduite d’un élevage. L’urgence deviendra un luxe, y compris en pratique bovine, et des centres de référés la prendront en charge au besoin.

Une génération imprégnée des 35 heures

Par conséquent, le jeune recruté doit être sensibilisé à cette évolution de la profession en rurale et en production industrielle. Il doit être convaincu de la pertinence d’inverser notre statut : être payé avant et non après les incidents d’élevage, et ce en éliminant tout conflit d’intérêts lié au commerce habituel de médicaments, qui doit rester accessoire et demandé par le client. De plus, notre jeune recrue, si elle n’aura plus à se lever la nuit, devra cependant accepter de ne pas être toujours chez elle en semaine. Le vétérinaire conseil ne travaille pas dans une clientèle locale, mais régionale, voire nationale.

Notre groupe est situé à la frontière franco-belge et nous nous rendons jusque dans les Alpes-de-Haute-Provence ou dans le Morbihan. Les entretiens que nous menons avec des candidats montrent à quel point la génération d’aujourd’hui est imprégnée de l’esprit des 35 heures, qu’elle aspire à une vie beaucoup plus sédentaire et régulière que la précédente. Tout cela rend le recrutement problématique. Et pourtant, à maturité de développement de concept, un vétérinaire conseil devrait gagner autant qu’un urgentiste !