État des lieux de la surveillance de la santé des abeilles

Les conférenciers ont interagi avec un public nombreux (380 inscrits) le 9 décembre dernier à Paris, lors de la journée scientifique organisée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Les apiculteurs ont ainsi manifesté leur inquiétude face au déclin massif des populations d’abeilles mellifères, qui a vu la production française de miel passer de 30 000 à 10 000 t par an.

Des enquêtes épidémiologiques

Les premiers résultats de l’étu­de Epilobee¹, menée entre 2012 et 2014 sur plus de 30 000 colonies provenant de 3 284 ruchers répartis dans 17 pays européens, font état d’un seuil de mortalité hivernale particulièrement élevé dans le nord de l’Europe (la rudesse de l’hiver 2012-2013 étant l’un des facteurs à considérer). Le plus fort taux de mor­talité en saison de production est rapporté en France, à 14,1 %, au-dessus du seuil de 10 % considéré comme acceptable au niveau européen. Le programme Résabeille va compiler les données collectées dans les six départements français concernés par l’enquête sur les maladies comme la varroose, les conduites de cheptel, etc., pour analyser les principaux facteurs de risque. Cette étude n’a cependant pas recueilli de données sur l’usage des pesticides autour des ruchers.

Plusieurs participants à la table ronde ont regretté la fin du programme Epilobee, comme notre confrère Gilles Salvat, directeur de la santé animale et du bien-être des animaux à l’Anses, qui a toute­fois espéré que cela permettrait de « revenir en 2016 avec un programme de surveillance beaucoup plus exhaustif ». Celui-ci, intitulé Must B², est en cours de préparation à l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). La phase de terrain est prévue entre 2016 et 2019, et sera réduite à six pays. À l’échelon national, les recherches se poursuivent, démontrant par exemple l’influence des reliefs du paysage sur la toxicité des pesticides (taux d’échec de retour à la ruche plus élevé en terrain accidenté).

Et un renforcement sanitaire

Fayçal Meziani, référent expert national abeilles à la Direction générale de l’alimentation (DGAL), a, quant à lui, présenté l’évolution de la réglementation sur la surveillance de la mortalité massive des abeilles, regrettant au passage que « les moyens humains et financiers ne [soient] pas extensibles ». Dans chaque direction départementale de la protection des populations (DDPP), un « guichet unique » va ainsi être mis en place pour gérer les déclarations des apiculteurs lors de mortalité groupée. Un enquêteur “abeille”, présent dans chaque bureau régional de la DGAL, assurera une meilleure information de la profession et des différents partenaires sur les résultats des enquêtes menées.

Face au risque d’infestation des ruchers français par Aethina tumida, présent en Italie (Calabre) depuis septembre 2014, les responsables sanitaires ont, pour leur part, invité les apiculteurs à ne pas importer illégalement des reines en provenance de cette région. Notre consœur Claire Beauvais de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) a souligné que si les vétérinaires ont mis du temps à investir la filière apicole, ils sont maintenant fortement impliqués et « seront très bientôt 150 sur le terrain ».