Importance du Baca avant et après vêlage

Le bilan alimentaire cation-anion (Baca) doit être le plus négatif possible avant la mise bas afin de prévenir l’hypocalcémie post-partum, et largement positif ensuite, afin d’accroître l’ingestion et la production laitière. Les recommandations actuelles en Europe et aux États-Unis sont de parvenir à un Baca de 250 à 300 mEq/kg de matière sèche (MS) pour les vaches en lactation, et de - 100 mEq/kg MS chez les taries. Cette valeur est difficilement atteignable, mais le but est de s’en approcher au maximum.

Baca négatif avant vêlage

Avant le vêlage, les rations sont souvent trop alcalines, ce qui accroît les risques d’hypocalcémie post-partum. Celle-ci se manifeste soit de façon clinique par une fièvre de lait, soit de façon subclinique avec une augmentation des risques de part languissant, de prolapsus utérin, de déplacement de caillette, de cétose, et, à plus long terme, d’infertilité. Les conséquences sanitaires et économiques sont donc considérables. Réduire le Baca permet de prévenir de nombreux problèmes et il importe d’en discuter avec l’éleveur afin de définir une ration adaptée.

L’important est de choisir les aliments par leur Baca. Les valeurs disponibles dans les bases de données sont plutôt fiables pour la plupart des concentrés, mais assez peu pour les fourrages. Les valeurs en potassium (K) sont, en effet, variables et les moyennes proposées sont une source d’erreurs non négligeables lors du calcul de la ration. Les facteurs de variations sont liés, notamment, à l’âge de la plante et à la fertilisation : la plante contient d’autant plus de K qu’elle est jeune, ou que du lisier a été utilisé. Enfin, plus le rendement est important, plus la concentration en K de la plante est faible.

Importance du choix des aliments

Les aliments à supprimer ou à limiter strictement (distribution en très faible quantité) lors de la préparation à la mise bas sont ceux dont le Baca est élevé et qui contiennent beaucoup de K ou de sodium (Na) : l’herbe jeune, les enrubannés, l’ensilage d’herbe, la luzerne et le bicarbonate de sodium. En revanche, l’apport de foin mûr et surtout de paille est recommandé. Peuvent également être apportés (en quantité limitée), en fonction de l’alimentation en lactation et du calcul de la ration “tarie” : l’ensilage de maïs, le tourteau de colza, les céréales et les co-produits. Les acidifiants (sulfate et chlorure de magnésium, de calcium ou d’ammonium) permettent de diminuer le Baca. Par exemple, 100 g de chlorure de magnésium l’abaissent de 78 mEq/kg MS. Le Baca doit être le plus négatif possible, mais à condition que la ration soit riche en calcium. En effet, si des acidifiants sont ajoutés, le calcium est davantage éliminé dans l’urine et son apport doit alors être augmenté. Le chlorure de calcium est conseillé (sous forme non irritante), car il acidifie la ration tout en étant riche en calcium. Enfin, il s’avère également nécessaire de veiller à l’absence d’excès énergétique. Ainsi, la distribution de maïs ensilage à volonté est proscrite en raison de sa trop grande valeur énergétique.

Baca positif en lactation

Après le vêlage, une alcalose métabolique est recherchée afin d’augmenter l’ingestion et la production de lait. Les recommandations actuelles en Europe et aux États-Unis préconisent d’atteindre un Baca de 250-300 mEq/kg MS chez les vaches en lactation. Les rations à base d’herbe sont celles dont le Baca est le plus élevé, mais il peut être intéressant d’alcaliniser dès que la part de maïs ensilage et de céréales est importante. Le bicarbonate de sodium possède un Baca élevé : un apport de 1 % de la ration (soit 200-250 g/j) ajoute 120 mEq/kg MS.

Michel Vagneur rappelle qu’« il n’y a pas que le Baca dans la vie! ». Si la stratégie nutritionnelle est nécessaire, il est essentiel que les fondamentaux soient respectés : avoir un lot de taries séparé, un bon confort thermique, des aires paillées et un accès facile à l’auge, à la pierre à sel et aux abreuvoirs. Il convient de surveiller la température des aliments, car, s’ils chauffent, ils perdent de leur valeur alimentaire. De plus, l’altération fongique peut avoir des conséquences sanitaires défavorables.

Les difficultés de mise en œuvre du rationnement avant le vêlage ne doivent pas être sous-estimées : la mise en lots des taries, l’estimation des matières première et, idéalement, l’analyse des aliments, la pesée des rations selon leur méthode de distribution (mélangée ou séparée), l’apport de minéraux et d’acidifiants, etc. L’appétence d’une ration à Baca faible est parfois mauvaise. Il peut être compliqué pour les éleveurs de distribuer deux rations avec deux types de minéraux, et d’augmenter le taux de calcium, surtout quand ils ont peu d’animaux. Toutefois, cette ration a beaucoup plus d’avantages que d’inconvénients sur la santé des animaux, et cela peut être souligné auprès des éleveurs.