Réduction de l’utilisation d’antibiotiques : la filière cunicole affiche ses bons résultats - La Semaine Vétérinaire n° 1614 du 23/01/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1614 du 23/01/2015

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/LAPINS DE CHAIR

Auteur(s) : Samuel Boucher

Usage raisonné des médicaments vétérinaires : quels leviers ? » : tel était le thème des journées nationales sur l’élevage du lapin de chair organisées par l’Institut technique de l’aviculture (Itavi) à Pacé (Ille-et-Vilaine), le 27 novembre 2014. La filière cunicole et les vétérinaires qui y travaillent sont mobilisés depuis de nombreuses années pour promouvoir le bon usage des traitements antibiotiques. Dès 2006, d’importants travaux ont conduit à redéfinir un temps d’attente “volontaire” de 21 jours pour la sulfadimethoxine, ce qui a permis de baisser les taux de résidus retrouvés à l’époque dans la viande de lapin.

UNE DIMINUTION DE L’IFTA DE 18 A 22 %

Dès 2011, la filière a mis au point, avec l’aide de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), un index de fréquence des traitements antibiotiques (Ifta) : l’Iftar pour les femelles reproductrices, l’Iftac pour les lapins en croissance. Il se rapproche – dans son principe – de l’Animal level of exposure to antimicrobials (Alea, le niveau animal d’exposition aux antibiotiques) défini par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), mais s’affranchit des déclarations de fabricants d’antibiotiques jugées trop approximatives pour une espèce mineure telle que le lapin, qui utilise de nombreuses spécialités sans autorisation de mise sur le marché (AMM). Si, en 2010, seules 107 bandes étaient analysées, en 2013, 4 364 bandes produites (65 % de la production totale) ont été prises en compte à l’Itavi par les indicateurs de la filière cunicole. Les chiffres, constamment en baisse depuis 2010, révèlent une diminution de plus de 22 % de l’Iftar et de plus de 18 % de l’Iftac.

TENIR COMPTE DU PROFIL PSYCHOSOCIOLOGIQUE DE L’ELEVEUR

Cependant, la diminution de l’usage des antibiotiques reste particulièrement liée au profil psychosociologique de l’éleveur, ainsi que Chantal Davoust (Inzo) l’a expliqué lors de son exposé. Elle?définit quatre types d’éleveurs.

→ L’“entrepreneur” possède un élevage bien maîtrisé et assure un suivi des consommations d’aliment et d’eau, pèse ses animaux et adapte les rations aux gains moyens quotidiens (GMQ). Autonome, il assume parfaitement ses choix techniques et met en place des essais pour atteindre son objectif de démédication.

→ Le “collaborateur” est volontaire dans la démarche de démédication, mais il a besoin que celle-ci soit structurée avec des objectifs fixés. La relation avec ses équipes technique et sanitaire est importante pour appuyer ses choix.

→ Le “rationnel” n’est pas contre la maîtrise de la réduction de l’utilisation des antibiotiques mais, étant peu investi techniquement (manque de main-d’œuvre ou priorités autres que son élevage), il pallie des déficits de technique en recourant aux supplémentations alimentaires. Cependant, ce type d’éleveur est preneur de solutions alternatives aux antibiotiques.

→ L’éleveur “interrogatif” est le moins ouvert au changement. Son atelier – généralement source d’un simple complément de revenus – est souvent ancien. Par manque d’envie ou de moyens, il n’est pas prêt à réaliser les investissements qui lui permettraient de répondre à un usage raisonné des antibiotiques.

Le profil psychosociologique de l’éleveur est donc à prendre en compte afin de lui proposer de mieux utiliser les antibiotiques. Toutefois, son équipement représente également une source majeure d’interrogation.

Benoît Greffard (chambre d’agriculture de Vendée) a mis au point un audit permettant de dresser un état des lieux des barrières sanitaires et des pratiques de protection, et de les mettre en relation avec les résultats techniques et les indices d’utilisation des antibiotiques. Les bâtiments en ventilation dynamique dont l’étanchéité est mauvaise favorisent la présence d’un air vicié et le passage de rongeurs, sources majeures de contaminations potentielles. L’absence ou l’utilisation inappropriée de sas sanitaires, le manque de nettoyage des systèmes de cooling1 et une gestion inadaptée des enceintes de stockage des cadavres sont des points majeurs de contamination que les éleveurs les moins utilisateurs d’antibiotiques prennent en compte.

LA QUALITÉ DE L’EAU EN EXERGUE

Notre confrère Benoît Dilé (Labovet conseil, réseau Cristal) a montré que la qualité de l’eau de boisson est un des facteurs importants dans la démédication antibiotique. Il explique, à l’aide d’un échantillon de près de 200 cheptels étudiés, que si 95 % des eaux de réseau et 70 % de celles de forage arrivant en élevage sont potables, une fois passées dans les rampes d’abreuvement, seules 30 % des eaux d’adduction et 18 % de celles de forage le restent.

Enfin, notre consœur Bernadette Le Normand (clinique vétérinaire des Marches de Bretagne) a souligné l’importance des points zéro (vidange totale après le traitement antibiotique via l’eau de boisson). En effet, illustrant son propos avec cinq élevages, elle a observé des contre-pentes d’écoulement qui constituent des volumes morts potentiels. Elle rappelle alors les grandes règles du point zéro : « Vidange complète du circuit, rinçage complet avec une quantité suffisante d’eau pour pousser les volumes morts, et remise en eau. »

  • 1 Surface poreuse où passe l’air extérieur dans le bâtiment en rencontrant de l’eau qui rafraîchit l’air.

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