Crise de… foi

Élevages dits industriels et impact de ces derniers sur l’environnement, bien-être animal et comportement éthique vis-à-vis d’animaux définis comme des « êtres vivants doués de sensibilité » que l’homme abat pour manger, défiance nutritionnelle envers les produits carnés : voici les principaux rejets sociétaux et enjeux auxquels les filières viandes¹ sont désormais confrontées. Pourtant, même si en France (comme en Europe), la consommation de viande, qui avoisine les 90 kg par personne et par an, a légèrement baissé ces dernières années, les consommateurs sont peu nombreux à renoncer à leur dinde de Noël et au foie gras qui l’accompagne, ou encore au steak frites, star des assiettes. Si la grande majorité d’entre eux compatit à la souffrance animale, beaucoup continuent à manger de la viande. Avec une tendance, toutefois : celle de s’orienter vers les plats cuisinés où le “morceau” n’est plus visible. Une façon de se donner bonne conscience pour certains. Par ailleurs, les végétariens, en France, ne représentent qu’environ 2 % de la population actuellement.

Malgré tout, les filières viandes pourraient-elles disparaître face à une pression sociétale croissante ? Difficile pour les experts de répondre à cette interrogation. Tant pour le bouleversement économique engendré qu’en termes de ressources à vocation alimentaire disponibles. Augmenter la valeur en protéines des végétaux ou fabriquer de la viande in vitro sont, d’ores et déjà, des axes de recherche pour les scientifiques. Une partie d’entre eux tablent également sur la consommation accrue de poissons ou d’insectes à l’avenir. D’autres spécialistes suggèrent, pour leur part, de revenir à un élevage extensif avec des règles renforcées de bien-traitance animale afin de répondre à la demande sociétale. Est-ce la solution pour les filières viandes ? De nombreuses questions restent en suspens.

• 1 Voir notre dossier en pages 23 à 28 de ce numéro.