Entretien avec Françoise Lemoine (A 91)
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SOCIOPRO
Auteur(s) : Valentine Chamard
Depuis le 1er janvier 2015, les éleveurs canins et félins sont tenus de faire visiter leur structure par un vétérinaire deux fois par an.
Les activités commerciales liées aux animaux domestiques sont désormais soumises à des règles sanitaires et de protection animale1. Le vétérinaire est au cœur du dispositif en ce qui concerne les élevages canins et félins, puisque deux visites annuelles doivent y être effectuées (voir encadré). L’occasion de faire le point avec notre consœur Françoise Lemoine, praticienne à Nantes et secrétaire du Groupe d’étude en reproduction, élevage et sélection (Geres) de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac), qui s’implique depuis de nombreuses années dans le conseil en élevage.
De façon mitigée ! Je suis régulièrement sollicitée par des éleveurs qui ne viennent au centre hospitalier que pour des consultations spécialisées et qui ont essuyé un refus de la part de leur vétérinaire traitant dans le cadre de la visite d’élevage. Paradoxalement, les confrères qui exercent en clientèle mixte, habitués à la gestion de groupe, me paraissent plus ouverts que les canins exclusifs.
Il s’agit d’une approche complètement différente de celle de la consultation canine individuelle classique. Cela demande donc de se former. De plus, les relations entre vétérinaires et éleveurs ne sont pas toujours faciles ! Se pose également la question de la rémunération de la prestation : les visites sont chronophages et requièrent un travail important en amont et en aval. Le règlement sanitaire doit être repensé pour chaque structure. Par exemple, un élevage de quelque 1 500 naissances par an, qui fonctionne avec une dizaine d’employés, réclame au moins deux jours de travail. Comment se faire décemment payer cette mission ? Néanmoins, j’en appelle à ce que les canins se mobilisent. Il s’agit d’une activité de conseil valorisante pour la profession, via une réflexion commune pour faire progresser la structure, et non d’un contrôle de l’éleveur.
C’est une bonne chose. Elle œuvre pour le bien-être animal, mais aussi pour la qualité des animaux proposés à la vente, avec un attachement fort à la prophylaxie médicale et sanitaire et à la socialisation. La profession s’est battue pour que ces visites soient liées au mandat sanitaire, permettant une relation permanente entre le vétérinaire traitant, qui connaît le mieux les maladies présentes dans un élevage donné, et l’éleveur. Nous craignions, en effet, dans le cas contraire, que des salariés des industries du pet food ou de syndicats d’éleveurs ne les effectuent “à la chaîne”, sans connaître les particularités de chaque structure, avec en plus les questions du conflit d’intérêts et du respect des mesures d’hygiène.
Cette loi professionnalise et crédibilise le secteur de l’élevage. Toutefois, les éleveurs ont déjà été mis à mal par la récente hausse de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Les structures modestes vont avoir des difficultés à ajouter les audits à leurs charges. Je crains que les “petits” éleveurs, qui ont à cœur de bien faire les choses, ne soient pris à la gorge, tandis que d’autres pourront continuer à frauder en toute impunité. Je pense, en particulier, aux vendeurs qui établissent de faux numéros de Siret sur leboncoin.fr. Ou encore à des personnes qui déclarent chaque portée au nom de membres de leur famille, pour ne pas atteindre les deux portées par an et échapper à la réglementation.
Au final, la loi protège le consommateur, mais ne lui permet pas de distinguer un éleveur qui fait du bon travail d’un autre dont l’activité principale est la reproduction, même s’il répond au cahier des charges imposé. Une piste serait de proposer à la vente des animaux assurés, offrant des garanties à la suite du travail de sélection des éleveurs, dont les efforts en ce sens seraient valorisés via des labels.
L’éleveur choisit le vétérinaire sanitaire qui va auditer sa structure. Il incombe à ce dernier de mettre en place un règlement sanitaire qui répertorie tous les protocoles à suivre. La visite d’élevage comprend la vérification de l’état sanitaire de la structure. Elle s’attache à explorer six points principaux1 : les antécédents, voire les maladies génétiques, l’état d’entretien des animaux, l’alimentation et l’abreuvement, l’hygiène des locaux et la prophylaxie médicale. Outre la vérification de la conduite d’élevage, il incombe au vétérinaire de porter un regard sur la qualification du personnel et son effectif. Le registre d’entrées et de sorties est consulté, et le registre sanitaire, rempli et signé à chaque visite ou consultation par le vétérinaire. Le rapport écrit de la visite sanitaire biannuelle est inclus dans ce dernier.
1 Source : Geres.
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