Prisonniers des glaces

Sorti au Japon en 1983 après trois ans de préparation et de tournage, Antarctica¹ a remporté un succès planétaire. La durée initiale ayant été amputée de 40 minutes pour les écrans français en 1985, Carlotta Films édite aujourd’hui sa version intégrale (et restaurée) de 2 h 17. Cet objet cinématographique insolite s’inspire d’une histoire vraie.

En février 1958, une équipe scientifique japonaise quitte sa base de Showa en Antarctique. Elle laisse derrière elle 15 huskies de Sakhaline solidement attachés, avec un peu de nourriture, dans l’attente de l’équipe de relève qui, à cause des conditions météo, ne viendra jamais. Huit seulement des chiens abandonnés parviennent à se libérer. Lorsque, en janvier 1959, deux explorateurs de la mission, torturés par le remords, retournent sur les lieux, quelle n’est pas leur stupéfaction d’y retrouver deux chiens (deux frères : Taro et Jiro).

En nous faisant revivre avec un réalisme cru cette année de survie sur la banquise (et l’âpre disparition des 13 autres comparses), le film démontre qu’une histoire animalière poignante peut être racontée avec peu d’artifice narratif, par la seule force des images. Soutenues par l’étonnante musique de Vangelis, les séquences qui accompagnent les chiens au galop dans leur course éperdue pour se nourrir restituent magistralement l’effrayante violence de la situation. La sobriété du jeu des huskies frappe, émeut, et se révèle bien plus convaincante que l’emphase théâtrale des acteurs japonais.

Antarctica de Koreyoshi Kurahara avec Ken Takakura, Tsunehiko Watase, Carlotta Films, Japon, 1983, nouveau master restauré, VO sous-titrée en français, DVD et Blu-ray (19,99 € et 20,06 €).

• 1 En 2005, un remake édulcoré, Antarctica, prisonniers du froid, a été produit par les studios Disney.