Formation
ANIMAUX DE COMPAGNIE
Auteur(s) : Marie-Christine Cadiergues*, Charlotte Devaux**
Fonctions :
*diplomate ECVD, maître
de conférences à Toulouse
Article tiré d’une webconférence
coorganisée par le Gedac (Afvac)
et Merial, le 27 janvier 2015.
Le prérequis à toute dé-sensibilisation est le diagnostic de dermatite atopique. Celui-ci passe par une éviction parasitaire complète, un contrôle des infections concomitantes et le suivi d’un régime alimentaire d’éviction pendant 8 semaines. Si le prurit n’est pas contrôlé, la désensibilisation, seul traitement spécifique, peut être proposée.
Le chien doit avoir plus de 1 an (assurance d’un contact avec tous les pollens présents au cours de l’année). La désensibilisation est efficace chez deux chiens sur trois environ. La moitié d’entre eux sont contrôlés, les autres nécessitent des mesures complémentaires. Lors d’évolution ancienne, la désensibilisation se révèle moins efficace.
L’action est lente : 10 à 12 mois sont nécessaires pour constater les effets. Chez l’homme, une désensibilisation dure de 3 à 5 ans. Chez le chien, il est recommandé de la poursuivre à vie si l’efficacité est satisfaisante. Le coût est indépendant du poids (30 € par mois environ les 6 premiers mois, 20 € par mois par la suite), ce qui est un avantage pour les gros chiens.
Une fois le diagnostic de dermatite atopique établi, la réalisation des tests permet de décider contre quels allergènes le chien peut être être désensibilisé. La période hivernale est à éviter, notamment lorsque le chien présente une exacerbation clinique saisonnière, potentiellement en relation avec une sensibilisation à certains pollens.
→ L’intradermoréaction (IDR) est considérée comme la méthode de référence. Simple, fiable et démonstrative, elle permet de tester une quarantaine d’allergènes. En revanche, elle nécessite de sevrer l’animal en immunomodulateurs (10 jours pour les antihistaminiques, 1 à 4 mois pour les corticoïdes, selon leur forme galénique et leur durée d’utilisation), de le sédater et de le tondre. Elle requiert de la technicité et de l’habitude. La pose d’une voie veineuse est conseillée (risque de choc anaphylactique).
→ Le dosage des IgE est simple (il ne nécessite qu’une prise de sang). Il peut être pratiqué lors de lésions cutanées et lorsque le chien reçoit des immunomodulateurs à faibles doses. En revanche, cette méthode manque parfois de spécificité et offre un panel moins large d’allergènes.
La meilleure méthode est celle adaptée au chien et au propriétaire. « Un test sérologique bien conduit, bien interprété, réalisé au bon moment, est préférable à des intradermoréactions que le praticien ne peut jamais effectuer parce qu’il n’est pas possible de sevrer l’animal en corticoïdes », insiste la conférencière. Cette dernière précise qu’une désensibilisation peut tout à fait être conduite sur la base des résultats des dosages d’IgE.
→ Si un chien présente de nombreux résultats positifs, effectuer une désensibilisation n’a pas d’intérêt : l’animal est certainement aussi allergique à d’autres allergènes non testés !
→ Les résultats des tests sont toujours à corréler avec l’examen clinique : un prurit perannuel sans exacerbation suggère une allergie aux acariens des poussières, tandis qu’une saisonnalité évoque plutôt les pollens. Si aucun lien n’apparaît entre l’examen clinique et les tests, plusieurs options sont possibles : répéter le test, changer de méthode ou tenter une “désensibilisation régionale” avec les allergènes pertinents selon la zone géographique et la saisonnalité des symptômes. Cette méthode est utilisée aux États-Unis, mais elle reste aléatoire.
→ Lorsque la saison de grattage est bien caractérisée, le site du Réseau national de surveillance aérologique (RNSA)1, qui indique les pics de pollinisation par période et par département, est un outil utile. Les arbres débutent la pollinisation en février-mars, tandis que les graminées arrivent à partir du mois d’avril.
→ En médecine canine, la preuve de l’intérêt de la désensibilisation pour les acariens de stockage n’est pas apportée. Si les tests sont positifs à ces allergènes, notre consœur conseille de ne pas les inclure dans le protocole de désensibilisation lorsque l’anamnèse n’évoque pas de contact avec eux dans le milieu de vie ou quand l’animal est aussi allergique à d’autres acariens. Dans ce cas, la désensibilisation vise ces acariens-là (réactions croisées). Si l’animal suit un mode de vie incluant des contacts répétés avec les acariens de stockage (conservation de jambon sec, de pain sec, couchage près du lieu de stockage d’aliment, etc.), la conférencière recommande alors de les inclure.
→ Lorsque les tests sont positifs aux Malassezia ou aux puces, le traitement vise d’abord ces agents, l’efficacité de la désensibilisation dans ce cas n’étant pas reconnue.
→ L’association des moisissures avec les pollens ou les acariens est déconseillée.
→ La désensibilisation concerne 4 à 5 allergènes au maximum.
Il convient d’expliquer le principe du traitement, la lenteur des effets et la nécessité de poursuivre les mesures complémentaires (antiparasitaires externes, shampooings et acides gras). Le praticien s’assure que l’acte à réaliser est assimilé. L’éventualité d’un choc anaphylactique est expliquée, sans dramatiser (s’assurer que le chien sera surveillé dans les 2 heures qui suivent l’injection). Le propriétaire peut également remarquer un prurit localisé au point d’injection ou généralisé. Ces événements indésirables sont rapportés dans un carnet. En plus de la fréquence et du volume d’injection, il est intéressant de noter, chaque semaine, la consommation de médicaments par le chien et l’intensité du prurit lors de la semaine précédant l’injection, sur une échelle de 0 à 10. Cela facilite l’évaluation de l’efficacité du traitement.
Le temps de réponse à la désensibilisation est long. Il est fréquent que le chien se gratte malgré la prise en charge des facteurs aggravants pendant la phase d’initiation. Les antihistaminiques peuvent être utilisés. Cependant, un quart des chiens y répondent et seulement sous 1 mois. « Démarrer une désensibilisation chez un animal recevant des glucocorticoïdes ou de la ciclosporine est possible, même si ce n’est pas idéal », explique la conférencière. La seule contre-indication majeure est la phase d’induction des immunomodulateurs (corticoïdes et ciclosporine), mais une fois la fréquence d’administration réduite à deux, voire trois fois par semaine, une désensibilisation peut être entamée. Les immunomodulateurs ne devraient alors pas être administrés la veille, le jour même et le lendemain de l’injection. Dans ce cas, les topiques présentent un intérêt car ils comportent moins d’effets systémiques. Une fois le traitement entamé, il est conseillé de procéder à un bilan à 2 et 4 mois pour évaluer les effets indésirables et l’intensité du prurit afin d’ajuster les mesures complémentaires.
Au bout de 6 mois, le premier kit est en général terminé. Les propriétaires ne manquent alors pas de demander si l’administration du deuxième est indispensable. Or, deux kits au minimum sont nécessaires pour juger de l’efficacité. Il s’agit alors de renforcer la motivation en dressant un premier état des lieux. Le chien se gratte pendant plusieurs jours après l’injection ? Expliquer qu’il s’agit d’un signe encourageant rassure le propriétaire. Pour diminuer l’inconfort, la dose est alors réduite à 0,8 ml sans modification de la fréquence. Le prurit revient quelques jours avant chaque injection ? C’est toujours bon signe, le traitement fait effet, mais ne dure pas 28 jours : les injections sont alors rapprochées (tous les 24 jours par exemple.).
Au bout de 1 an (à la fin du deuxième kit), l’efficacité du traitement est évaluée en se fondant sur l’intensité du prurit, la qualité de vie (critère le plus important) et la consommation de médicaments. Si celui-ci est efficace, il est conseillé de continuer les injections à la même fréquence à vie.
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