Formation
PRODUCTIONS ANIMALES/BOVINS
Auteur(s) : Florence Kling-eveillard*, Lorenza Richard**
Fonctions :
*Institut de l’élevage « Douleur
en élevage : représentations
et pratiques des éleveurs,
exemple de l’écornage ».
Article tiré de la conférence donnée
lors des journées 3R à Paris
les 3 et 4 décembre 2014.
La prise en charge de la douleur des veaux par les éleveurs lors de l’écornage n’est pas encore systématique. Elle est même jugée non nécessaire par certains d’entre eux, selon les résultats d’enquêtes menées auprès de 23 éleveurs de vaches laitières holstein et allaitantes charolaises, présentés lors de la 21e édition des journées 3R (rencontres autour des recherches sur les ruminants) à Paris, en décembre dernier.
Les 23 entretiens individuels, réalisés dans le cadre du projet Casdar1 intitulé « AccEC : accompagner les éleveurs pour une meilleure prise en charge des douleurs animales lors de l’écornage et de la caudectomie », ont pour but de déterminer les connaissances, les pratiques et les lacunes des exploitants sur la douleur des animaux.
La douleur n’est jamais évoquée spontanément par les éleveurs. Certains considèrent qu’elle est inexistante dans leur exploitation, mais reconnaissent que certaines pratiques de l’homme, telles que l’écornage et les piqûres, peuvent la provoquer. D’autres mentionnent des douleurs liées aux boiteries ou aux mises bas, ou encore des conditions de logement parfois inadaptées, sources de blessures. Enfin, la douleur psychologique lors du sevrage ou de l’introduction d’animaux est plus rarement soulevée. Toutefois, les réponses relatives à la façon dont les éleveurs identifient les signes de douleur sont très variées et souvent liées à leur propre expérience. Certains signes sont évocateurs (vocalisation, comportement agressif, etc.), mais les éleveurs reconnaissent leurs lacunes concernant la connaissance des mécanismes de la douleur, les conséquences sur les performances de l’animal, les effets des produits analgésiques et les gestes à privilégier. Quelques-uns savent détecter la douleur et utilisent des anti-inflammatoires pour la limiter, mais la majorité d’entre eux ne la distinguent pas de la maladie, et leur priorité n’est pas de la soulager, mais de soigner l’animal.
L’écornage est considéré comme douloureux, mais en raison du coût des produits, du délai d’attente pour se les procurer par rapport à la brièveté de l’intervention, la majorité des éleveurs (16 sur 23) ne pratiquent aucune analgésie. Seuls quatre utilisent la xylazine. Ils ne parviennent pas à distinguer les signes de stress de ceux de douleur. Les sédatifs sont souvent préférés aux analgésiques car ils améliorent la contention du veau et limitent la pénibilité pour l’éleveur.
Ainsi, trois profils d’éleveurs sont dressés, qui concernent indifféremment les laitiers et les allaitants : ceux qui donnent la priorité à l’animal et à son bien-être, ceux qui sont motivés par l’impact de la douleur sur les performances de l’animal, et ceux qui privilégient la rentabilité économique. Par ailleurs, la méconnaissance des mécanismes biologiques de la douleur et des moyens de la détecter influent pour beaucoup sur la décision de sa prise en charge. Une meilleure information paraît ainsi essentielle pour sensibiliser les éleveurs. Une journée de formation autour de l’écornage a été élaborée à partir de ces résultats, pendant laquelle le vétérinaire et le formateur interviennent pour combler ces lacunes et montrer les conséquences pratiques et positives d’une prise en charge de la douleur. Selon le profil de l’éleveur, les arguments à avancer sont différents : sa facilité de mise en œuvre, les conséquences économiques sur les performances, sur la pénibilité du travail, sur le bien-être de l’animal, etc. Cette formation peut également constituer un lieu d’échange avec le praticien ou les différents intervenants, et entre éleveurs, dans une optique d’évolution de la prise de conscience.
Le projet AccEC vise à accompagner les éleveurs et leur environnement technique pour les aider à améliorer la maîtrise de la douleur dans leur élevage.
Ce projet multipartenaire, financé par le Casdar et porté par le réseau mixte technologique (RMT) bien-être animal, s’appuie sur des enquêtes menées auprès des éleveurs et de leurs interlocuteurs en élevage pour mieux comprendre leurs perceptions et les prendre en compte afin de concevoir des supports de sensibilisation. Deux modules expérimentaux complètent le dispositif pour tester des protocoles médicamenteux de prise en charge de la douleur durant l’écornage des veaux et la caudectomie des porcelets. Des échanges sont organisés régulièrement entre les parties prenantes au niveau des fédérations représentant les métiers concernés, avec pour objectif de faire avancer la réflexion sur ce sujet. En 2015, les résultats du projet seront déployés au travers de formations spécifiques et de documents techniques afin de sensibiliser les différents acteurs à la maîtrise de la douleur animale en élevage. BÉATRICE MOUNAIX
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