« La confrontation au réel est formatrice »

Vous avez organisé en novembre une session de formation2 à la visite d’élevages canin et félin. Comment les confrères participants ont-ils réagi ?

Ils ont été assez surpris par le décalage entre ce qu’ils avaient imaginé et la réalité de l’élevage. Il nous a semblé que ce serait plus formateur de les confronter d’emblée au réel, c’est pourquoi nous leur avons fait visiter deux élevages dès la première journée, un canin et un félin. Le lendemain, nous avons abordé la réglementation et la théorie, en nous appuyant sur ce qu’ils venaient de voir pour entrer dans les détails. Beaucoup de documents existent déjà sur la théorie des visites sanitaires, mais en pratique, la diversité des situations peut facilement désarçonner au début. Depuis, une des participantes m’a d’ailleurs confié que la formation lui avait mis le pied à l’étrier, mais qu’elle aurait bien aimé suivre quelques visites supplémentaires, pour être plus à l’aise.

Est-ce facile de s’adapter aux visites ?

Il convient en général de visiter une dizaine d’élevages pour commencer à se sentir efficace, au moins pour les petits élevages familiaux. Le plus difficile est d’adapter le règlement sanitaire à chaque situation. À l’Umes, nous avons développé un document modulable selon le nombre de reproducteurs, la présence ou non de salariés, etc., que nous avons distribué et explicité aux participants. Royal Canin devrait relayer la diffusion de ce guide auprès des praticiens dans les mois prochains.

Quelles sont les nouvelles règles ?

Une note de service de la Direction générale de l’alimentation (DGAL) aux directions départementales de la protection des populations (DDPP) précise que, jusqu’au 1^er décembre, les visites de contrôle dans les élevages seront effectuées à titre pédagogique, sans sanction associée. Mais à partir de cette date, tous les élevages devront présenter leur règlement sanitaire et montrer qu’ils sont suivis par un vétérinaire sanitaire. L’échéance est proche…

Comment les éleveurs perçoivent-ils ces nouvelles mesures ?

Les confrères ayant assisté à la formation ont été particulièrement frappés par l’état moral de l’éleveur canin dont nous avons visité l’élevage. Il leur a semblé désemparé face à la nouvelle TVA et aux nouvelles réglementations. Il n’est pas le seul dans ce cas. Au cours d’une réunion que j’ai animée, les éleveurs – qui ont entre 50 et 100 chiennes reproductrices – ont clairement exprimé que certaines mesures leur paraissent aberrantes, notamment les normes de surface obligatoire par animal. Ils envisagent déjà de jouer sur les mots pour contourner ce que la réglementation n’encadre pas précisément. Certains aspects vont se mettre en place rapidement, comme les deux visites sanitaires annuelles ou la rédaction du règlement sanitaire. Mais l’application des mesures qui ont un vrai impact financier, c’est-à-dire les normes de surface, les matériaux utilisables ou la main-d’œuvre nécessaire, se fera plus tardivement… Il importe que les vétérinaires prennent le temps de discuter avec leurs clients éleveurs et les aident à considérer leurs spécificités.

• 1 Unité de médecine de l’élevage et du sport.

• 2 La prochaine session de formation aura lieu les 20 et 21 mars. Pour plus d’informations : alforpro.vet-alfort.fr ou anne.meyrueix@vet-alfort.fr