Que pesons-nous ?

La métrologie est la science des mesures. Ces dernières affectant tous les aspects de notre vie quotidienne, la plupart des pays possèdent un institut chargé d’en garantir la précision. À Sèvres, en région parisienne, le Bureau international des poids et mesures (BIPM) est l’organisme qui les coordonne. Depuis 1889, le pavillon de Breteuil conserve, dans un coffre et sous trois cloches de verre, le prototype international du kilogramme, unité de masse. Ce cylindre de platine iridié sert toujours d’étalon à la quarantaine de répliques existantes, disséminées dans le monde. Bientôt remplacé par un standard défini par une constante atomique – c’est le cas pour le mètre depuis 1960 – il reste une parfaite métaphore de la prétention d’Homo scientificus à tout peser et mesurer, comme le montre cette fable à l’ironie tendre, discrètement mélancolique. Variation sur le conflit contemporain entre raison et sentiments, elle met en scène une scientifique, rigoureuse et effacée, de l’institut de métrologie d’Oslo qui doit transporter le kilo norvégien à Paris pour son calibrage rituel. À un tournant critique de sa vie, c’est son mode d’existence qu’elle va devoir plutôt mettre dans la balance. Sa rencontre avec un physicien bohême, reconverti dans le jardinage et les chants d’oiseaux, l’ouvre opportunément à la légèreté. Si le message ne manque pas de poids, le film séduit par son esthétique stylisée, pleine d’humour, et le jeu admirablement maîtrisé de la comédienne.

1001 grammes de Bent Hamer, avec Ane Dahl Torp, Laurent Stocker, Norvège-Allemagne-France, 1 h 30, sorti le 11 mars 2015.