Principales affections utérines chez le lapin domestique

Les affections utérines sont relativement fréquentes chez la lapine. Une étude récente¹ présente les résultats histologiques d’utérus prélevés sur 50 lapines de compagnie (26 à la suite d’une autopsie, 24 après une ovario-hystérectomie, dont 23 en raison de signes cliniques). Les lapines concernées par une affection utérine sont de tous les âges (entre 7 mois et 10 ans et demi) et de toutes les races. La moyenne d’âge (5 ans et demi) des animaux présentant des lésions tumorales utérines est supérieure à celle de ceux de l’étude (3 ans et demi).

Des signes cliniques souvent absents

Sur les 50 lapines de l’étude, 19 ne présentent aucun signe clinique (les lésions histologiques sont mises en évidence en dehors de toute suspicion d’affection utérine). Les 31 autres affichent des symptômes variés : écoulements vulvaires (10 sur 31), notamment sanguins, dilatation des cornes uté­rines palpable dans l’abdomen (14 sur 31). D’autres signes non spécifiques, tels que l’anorexie et la douleur abdominale, sont souvent retrouvés (20 à 30 % des 31 lapines présentant des symptômes) et conduisent les praticiens à proposer une échographie abdominale. Cet examen, qui offre la possibilité de visualiser une dilatation utérine, ainsi que la présence de calcifications ou de masses, permet la confirmation diagnostique.

La radiographie abdominale peut également se révéler utile (calcification de tumeurs, déplacement d’organes par une masse). La radiographie thoracique est indiquée dans la recherche de métastases pulmonaires (elles ne sont visibles que dans un cas sur huit, même si l’autopsie met leur présence en évidence dans 19,2 % des cas). Les métastases concernent également le foie (11,2 %), les reins (7,7 %) ou d’autres tissus tels que les os.

L’adénocarcinome de l’utérus fréquent

Les tumeurs (68 %) sont plus fréquemment identifiées que les lésions inflammatoires ou d’hyperplasie (37 %). Des lésions mixtes sont également observées chez 8 lapines. L’adénocarcinome est la tumeur utérine la plus représentée (27 sur 50). Il affecte des lapines avec une moyenne d’âge de 5 ans et demi. Concernant les lésions non tumorales, des hyperplasies de l’endomètre (13 sur 50) sont principalement notées, puis des hydromètres (5 sur 50) et des infections utérines (3 sur 50). Les métrites sont moins courantes chez la lapine que chez les carnivores domestiques.

La stérilisation recommandée avant 2 ans

Lors de toute affection utérine chez la lapine, le traitement de choix est l’ovario-hystérectomie. Cette intervention est conseillée en prévention avant l’âge de 2 ans. Une vaginectomie partielle est nécessaire afin de limiter le risque de lésions tumorales sur le moignon et de réduire le risque de développement d’un urovagin. Le pronostic est sombre chez les animaux débilités lors du diagnostic. Le risque chirurgical est alors élevé et une stabilisation médicale préalable se révèle indispensable. En revanche, la survie à 1 an est bonne (16 sur 19) chez les femelles ayant subi une ovario-hystérectomie et dont la phase postopératoire immédiate s’est bien déroulée, y compris dans le cas d’adénocarcinome.

• ¹ Künzel F., Grinninger P., Shibly S., Hassan J. et coll. Uterine disorders in 50 pet rabbits. J Am Anim Hosp Assoc 2015 jan-feb;51 (1):8-14.