Formation
NAC
Auteur(s) : Julien Goin
Fonctions : praticien à Saint-Jean-de-Braye
(Loiret)
– Le fibroadénome est la tumeur mammaire la plus fréquente.
– Les œstrogènes endogènes favoriseraient le développement des adénomes hypophysaires qui, par leur sécrétion de prolactine, favoriseraient à leur tour le développement des tumeurs mammaires.
– Le traitement est chirurgical.
– La prévention des récidives repose sur l’ovariectomie et l’administration de cabergoline.
Les tumeurs mammaires représentent le type tumoral le plus fréquent chez le rat. Ce dernier possède six paires de mamelles et six glandes mammaires : trois thoraciques, une abdominale et deux inguinales. Le tissu mammaire s’étend de la région cervicale à la région inguinale, depuis le ventre jusqu’aux flancs à hauteur des épaules. Les tumeurs mammaires, dont la croissance est rapide et la taille volumineuse, peuvent donc être rencontrées à toutes ces localisations.
Le fibroadénome est la tumeur mammaire la plus fréquente (50 à 90 % des cas selon la souche concernée). L’adénocarcinome représente moins de 10 % des tumeurs mammaires. Leur développement est favorisé par des facteurs hormonaux. Une étude réalisée sur des rats Sprague Dawley (une souche d’animaux albinos très utilisée en expérimentation animale) révèle que la fréquence des tumeurs mammaires est moindre chez les femelles stérilisées par ovariectomie à l’âge de 90 jours (4 %) que chez celles non stérilisées (47 %). Il en est de même pour la fréquence des adénomes chromophobes hypophysaires, une tumeur fréquente chez les rats âgés de plus de 18 mois (4 % versus 66 %). L’apport d’œstrogènes exogènes n’a, en revanche, pas d’incidence. Par conséquent, les œstrogènes endogènes favoriseraient le développement des adénomes hypophysaires qui, par leur sécrétion de prolactine, favoriseraient à leur tour le développement des tumeurs mammaires.
Le fibroadénome affecte surtout les femelles, mais également les mâles (16 % des rats mâles âgés). Il est peu fréquent avant l’âge de 1 an. Il est généralement unique, mais plusieurs fibroadénomes indépendants peuvent évoluer simultanément. Il est de forme ovoïde, de consistance ferme et non adhérent aux plans profonds. Le fibroadénome peut atteindre 8 à 10 cm de diamètre, et dépasser 50 % du poids total de l’animal. Il est habituellement bien toléré pendant plusieurs mois, mais présente le risque de générer des difficultés locomotrices selon sa taille et sa localisation (à l’aisselle, par exemple). Il ne métastase pas, mais peut, en raison de sa taille volumineuse, entraîner une ulcération cutanée et une infection secondaire, conduisant à la mort.
→ Le traitement repose sur l’exérèse chirurgicale de la masse, plus ou moins difficile selon sa taille et sa localisation. Les tumeurs situées en région cervicale ou inguinale sont les plus difficiles à retirer. L’aspect clinique et l’examen cytologique permettent d’informer sur la nature bénigne ou maligne de la masse, ce qui oriente la décision et le choix de la technique chirurgicale.
→ Lors de tumeur bénigne non ulcérée, la peau peut être préservée. La tumeur est mise en tension sous celle-ci par pression entre deux doigts, puis une incision cutanée est réalisée. Une dissection aux ciseaux permet de la dégager du tissu conjonctif sous-cutané. Généralement, un ou plusieurs vaisseaux irriguent la tumeur, dont l’hémostase est nécessaire. La ligature des artères préalablement à celle des veines permet un drainage de la masse et de limiter le risque d’hémorragie. Lors du retrait d’une tumeur volumineuse, un excès de peau et un espace mort sous-cutané apparaissent. La peau en excès est à découper, tout en préservant suffisamment de tissu cutané pour éviter les tensions.
Pour limiter l’espace mort et, ainsi, la collection de sérosités inflammatoires chez ces animaux pour lesquels la mise en place d’un drain est difficile, il est possible de suturer le tissu sous-cutané aux plans profonds, avec toutefois un risque majoré d’irritation et de grignotage des sutures. Un surjet sous-cutané, puis un autre cutané ou des agrafes sont ensuite mis en place. Le succès de l’intervention est conditionné par la rapidité d’exécution et la réalisation correcte de l’hémostase.
→ Lors de tumeur maligne ou de tumeur bénigne ulcérée, la peau recouvrant la tumeur doit être retirée. Deux incisions en côte de melon sont réalisées de part et d’autre de cette dernière. Le reste de l’intervention est identique à celle décrite précédemment.
Les récidives sont fréquentes en raison de l’influence de facteurs hormonaux (œstrogènes, prolactine). Chez la femelle, l’ovariectomie, idéalement concomitante à l’exérèse de la tumeur si l’état général de l’animal le permet, est indiquée. Elle réduit l’incidence des récidives et améliore la survie (89 % de survie à 630 jours lors d’ovariectomie versus 59 % sans). Elle peut également être réalisée à titre préventif à l’âge de 3 mois. Chez le mâle, aucune étude n’a été réalisée pour déterminer l’effet préventif de la castration sur le développement des tumeurs mammaires, bien que ce dernier soit supposé nul (tumeurs œstrogéno-dépendantes). Les antagonistes des œstrogènes sont potentiellement hépatotoxiques et ne montrent pas d’efficacité dans le traitement des tumeurs mammaires chez le rat. Lors d’adénome hypophysaire (suspecté ou diagnostiqué par imagerie par résonance magnétique), la cabergoline, agoniste dopaminergique D2 inhibiteur de la sécrétion de la prolactine, est indiquée lors d’adénome hypophysaire, à la posologie de 0,6 mg/kg per os toutes les 72 heures.
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