Yolande au pays des pandas

C’est quand on agit le moins que son action est le plus efficace », écrit Lao-tseu dans le Tao Te King. Le jeu de Yolande Moreau pourrait en faire la démonstration. Sa présence à l’écran est telle qu’il suffit qu’elle traverse un décor pour qu’aussitôt le cinéma se fasse. On imagine aisément le parti comique que l’on pourrait tirer des tribulations de la comédienne dans le lointain Sichuan. D’une grande puissance dramatique au contraire, ce film propose un récit naturaliste : le voyage initiatique d’une femme qui a dépassé le mitan de sa vie dans le contexte tragique d’un deuil.

L’existence morne et résignée de Liliane est foudroyée par l’annonce de la mort accidentelle de son fils en Chine. Les entraves administratives pour rapatrier le corps la décident à se rendre elle-même, pour la première fois, à Chengdu où le défunt vivait, puis en bus à travers les collines verdoyantes du Sichuan, jusqu’à la morgue d’une petite commune rurale. Par un hasard inattendu, elle y rencontre un groupe d’amis de son fils ainsi que son ex-compagne. Le propre deuil qu’est en train de faire la jeune femme – qui est taoïste – va aider non seulement Liliane à surmonter le sien, mais l’ouvre à une nouvelle dimension de son existence. L’attention aux détails de la photographie, superbe, la délicatesse de l’interprétation laissent l’émotion affleurer avec douceur. Yolande Moreau semble ne rien faire, imperceptiblement pourtant, la Chine et le Tao la transforment.

Voyage en Chine de Zoltán Mayer avec Yolande Moreau, Qu Jing Jing, Lin Dong Fu, André Wilms, France, 1 h 36, sorti le 25 mars 2015.