« Médecine du comportement et médecine interne sont étroitement liées »

Qu’apporte le nouveau certificat d’études approfondies vétérinaires (CEAV) de médecine du comportement dans le paysage de la formation continue ?

Caroline Gilbert : Le comportement n’est pas toujours perçu comme un volet essentiel de la pratique vétérinaire. Il est pourtant profondément lié à la médecine interne, car de nombreuses atteintes (dermatologique, neurologique, etc.) génèrent des modifications comportementales. De multiples problèmes de comportement, en lien avec d’autres maladies (dermatologique, digestive, etc.) trouvent aussi leur origine dans l’environnement de l’animal, notamment à travers sa relation à l’homme et son éducation.

La formation initiale des vétérinaires aborde encore trop peu ces aspects. L’étude du comportement est, en outre, indissociable de l’évaluation et du respect du bien-être animal.

La médecine du comportement est un domaine en plein essor, alimenté par de nouveaux travaux et des publications abondantes, au plan international. Le CEAV s’inscrit en cohérence avec toutes ces données. Il apporte les connaissances de base en éthologie appliquée (comportements normaux et anormaux, besoins comportementaux des espèces, évaluation du bien-être, aménagement et enrichissement de l’environnement, bases des apprentissages, etc.). Il forme à la réalisation d’une consultation spécialisée, au diagnostic des problèmes comportementaux, à leur prise en charge (thérapie comportementale et/ou médicamenteuse), leur suivi, mais également leur prévention.

Ce CEAV remplace-t-il le diplôme interécole (DIE) de vétérinaire comportementaliste ? Le titre obtenu est-il équivalent ?

Hélène Combrisson : Le DIE, en effet, n’existe plus. Le CEAV est une formation commune aux quatre écoles vétérinaires françaises, mais il est construit sur des bases entièrement nouvelles.

La première promotion, en cours, forme un groupe de praticiens de nationalités et d’horizons très différents. C’est très enrichissant. Mais les attentes et les projets de chacun sont aussi variés ! Le stage de trois mois prévu dans le cadre du CEAV est modulable. Il se construit à la carte, en plusieurs parties au besoin : dans un centre équestre ou d’éducation canine, une école pour chiot, un refuge, une école vétérinaire ou un établissement de recherche, etc. Tout est envisageable, avec l’accord du tuteur enseignant-chercheur de l’étudiant.

Les diplômés du DIE ne peuvent pas se prévaloir du CEAV. Mais nous envisageons de développer une procédure de validation des acquis par l’expérience (VAE), afin de créer une éventuelle passerelle entre les deux diplômes.

D’autres formations sont-elles accessibles En projet ?

H. C. : Le CEAV n’est que la première marche vers la spécialisation. À terme, nous espérons proposer un diplôme d’études spécialisées vétérinaires (DESV), qui délivre le titre de spécialiste.

C. G. : En parallèle du développement d’activités de référés en médecine du comportement, la profession vétérinaire doit garder sa place d’interlocuteur de référence sur les besoins des animaux domestiques. Elle l’est aux yeux des propriétaires. Les confrères sont de plus en plus demandeurs à être formés pour délivrer des conseils de base à leurs clients. Des formations généralistes sont ainsi mises en place à l’École nationale vétérinaire d’Alfort. La consultation en médecine du comportement du Centre hospitalier universitaire vétérinaire d’Alfort (Chuva) est ouverte aux praticiens (moyennant un coût de 60 €/jour). Un cycle de sept conférences de deux heures sur l’éducation du chien est proposé de février à avril (pour un groupe de 15 participants au maximum). Un diplôme d’école en comportement du chien est proposé depuis 2013. Sa déclinaison en équine pourrait ouvrir dès la fin de cette année.