Êtes-vous favorable au classement de la kétamine comme stupéfiant ? - La Semaine Vétérinaire n° 1625 du 10/04/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1625 du 10/04/2015

Entre nous

FORUM

Auteur(s) : Frédéric Thual

Des changements à la marge pour les vétérinaires

Jean-Pierre Orand, directeur de l’Agence nationale du médicament vétérinaire.

Au regard du bilan d’addicto-vigilance des populations concernées par les mésusages de la kétamine, le ministère de la Santé a envisagé son classement comme stupéfiant sous toutes ses formes. Depuis 2001, toutes les préparations de kétamine, à l’exception des solutions injectables classées en liste 1 des substances vénéneuses, étaient soumises au régime des stupéfiants. En 2003, un arrêté alignait ses modalités d’usages sur celles des autres substances stupéfiantes. Les vétérinaires ont donc déjà pris l’habitude de gérer des médicaments à base de substances stupéfiantes (méthadone et fentanyl) depuis que des autorisations de mise sur le marché de médicaments vétérinaires ont été délivrées il y a deux ans. Nous n’avions donc pas d’objection au classement de la kétamine dans le régime des stupéfiants sans exception. Pour les praticiens, les modalités d’approvisionnement ne changeront pas. Tous les distributeurs disposent des autorisations nécessaires. Les seules modifications pratiques concerneront la comptabilité des unités vendues, imposant d’inscrire, chaque mois, les entrées et les sorties sur un registre spécifique. L’ordonnance, déjà obligatoire, devra indiquer la dose en toutes lettres. Nous avons cependant demandé au ministère la mise en œuvre d’informations à l’intention des vétérinaires. La Direction générale de la santé a demandé de procéder à une nouvelle consultation avant de signer l’arrêté suite aux interrogations soulevées par la profession.

Oui, à condition que son accès ne soit pas limité

Maud-Aline Chesnel, vétérinaire anesthésiste au CHV Atlantia à Nantes (Loire-Atlantique).

Prendre les mesures nécessaires pour limiter le trafic de kétamine est un signe de responsabilité de notre profession. Nous montrons là que nous avons conscience de la dangerosité potentielle de ce produit. Je ne pense cependant pas que nous soyons la source principale des usages illicites, qui proviennent davantage du marché noir organisé de l’étranger. Il est peu probable que classer la kétamine comme stupéfiant suffira à résoudre le problème. Aujourd’hui déjà, il convient de la stocker dans des conditions proches de celles mises en place pour les stupéfiants (sous clé, tout vol devant être rapporté aux autorités, etc.). Son classement comme stupéfiant aura donc peu de conséquences. On devra, comme pour les morphiniques, avoir un registre des entrées et des sorties. La charge de travail administratif sera un peu augmentée, mais en termes de pratique, ce classement sera sans effet. Maintenant, nous devons avoir la garantie absolue que la nouvelle législation ne limitera pas notre accès et notre approvisionnement en kétamine. Je l’utilise surtout comme analgésique ou dans des protocoles de sédation et d’immobilisation des animaux agressifs. Il s’agit cependant d’une molécule indispensable en médecine vétérinaire, notamment pour les structures n’étant pas équipées pour l’anesthésie gazeuse. Et surtout, elle constitue actuellement le seul anesthésique général économiquement viable en rurale et en équine, ainsi que le seul légalement autorisé pour les animaux de production.

Ma crainte, c’est que ce ne soit pas respecté…

Loïc Vallois, clinique vétérinaire équine de Livet à Saint-Michel-de-Livet (Calvados).

Je comprends bien la problématique des trafics liés à la kétamine et je suis favorable aux contrôles. En revanche, je ne suis pas certain que son classement dans la catégorie des stupéfiants puisse résoudre le problème d’un produit que l’on stocke déjà sous clé, à l’abri des regards. Cela va simplement compliquer son utilisation en multipliant une paperasserie administrative déjà importante. J’ai quelques flacons à disposition dans la voiture pour intervenir sur le terrain pour des castrations couchées ou des anesthésies de poulain. Dans le suivi clinique, en revanche, nous nous servons en permanence de ce produit. Je serais donc plutôt en faveur de la recherche d’une forme moins facilement utilisable. Ma crainte, c’est que la multiplication des procédures de délivrance en fasse un produit complexe à utiliser, et que les conditions d’usages ne soient pas respectées. À cause d’une législation contraignante, certains préfèrent déjà ne pas avoir recours à la morphine pour des anesthésies et préfèrent se tourner vers des dérivés morphiniques. Cela risque donc de supprimer son utilisation plus que le problème… et d’appauvrir l’arsenal thérapeutique.

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