Formation
NAC
Auteur(s) : Jean-Marie Péricard*, Hélène Rose**
Fonctions :
*praticien à Sigean (Aude)
Article tiré d’une conférence
présentée lors du congrès
du Genac de l’Afvac au parc
du Puy du Fou (Vendée),
en septembre 2014
– Les intoxications au zinc sont fréquentes chez le furet, elles peuvent être responsables de néphrites aiguës.
– Les urolithiases sont plus fréquentes chez les mâles que chez les femelles, principalement en raison de l’anatomie de l’appareil urinaire.
– L’hypertrophie prostatique est fréquente lors de maladie surrénalienne.
L’insuffisance rénale se manifeste sur un mode plus souvent aigu que chronique chez le furet. Les principaux signes d’appel sont une dépression, une léthargie, une faiblesse, une perte de poids, du méléna et de la déshydratation. Polyuro-polydipsie, vomissements et ulcérations buccales sont moins fréquents. Comme chez le chien et le chat, l’état général de l’animal, la taille de ses reins à la palpation, le volume d’urine émis, etc., orientent le praticien pour différencier une atteinte aiguë d’une atteinte chronique.
Comme dans les autres espèces, les insuffisances rénales d’origine pré-rénale sont des atteintes fonctionnelles, qui évoluent de manière aiguë : hypovolémie par déshydratation ou hémorragie, baisse de la pression artérielle (lors d’état de choc par exemple) ou diminution de la perfusion rénale liée à une insuffisance cardiaque.
→ Les néphrites aiguës toxiques sont fréquentes. De nombreux produits toxiques sont présents dans l’environnement de cet animal au comportement exploratoire développé, et son petit poids favorise les surdosages. Le furet est particulièrement sensible au zinc. Comme les perroquets, il risque d’en ingérer en grignotant des barreaux de cage ou des bols en fer galvanisé. Outre les troubles rénaux, cette intoxication entraîne des complications neurologiques et hémorragiques. Un dosage de la concentration sanguine en zinc est possible (au laboratoire de toxicologie de VetAgro Sup, par exemple), mais le volume sanguin nécessaire est assez important (1 ml), ce qui limite sa réalisation pratique. Des chélateurs de calcium comme l’acide éthylène diamine tétra-acétique (EDTA) sont à administrer, accompagnés d’un traitement de soutien.
L’antigel, les herbicides ou l’acide oxalique (présent notamment dans la rhubarbe et la betterave) sont également toxiques pour le furet. Questionner le propriétaire sur l’alimentation fournie permet de corriger certaines erreurs. Le furet est également sensible à des intoxications médicamenteuses, notamment à l’ibuprofène : une toxicité rénale est observée à la dose de 20 mg/kg, celle de 200 mg/kg étant mortelle. Un surdosage en vitamine B3, en adrénaline, en épinéphrine ou en antibiotiques néphrotoxiques (polymixine B ou gentamycine, par exemple) peuvent également entraîner une néphrite.
Selon l’état de l’animal au moment de l’admission, le pronostic lors de néphrite aiguë par intoxication est réservé, voire mauvais. Des intoxications chroniques sont également possibles, selon les doses auxquelles l’animal est exposé. Elles sont alors responsables de néphrites chroniques.
→ Les pyélonéphrites sont peu fréquentes. Elles résultent d’une septicémie ou d’une infection ascendante, favorisée lors d’urolithiase ou d’hypertrophie prostatique. Leur pronostic est plutôt bon si un traitement adapté est mis en place de manière précoce (en plus du traitement de la cause initiale) : fluidothérapie, analgésie et support alimentaire, associé à un antibiotique choisi d’après les résultats d’un antibiogramme et administré pendant 6 semaines.
→ Des lésions de néphrite chronique interstitielle peuvent être présentes dès l’âge de 2 ans. En général, les symptômes cliniques se manifestent vers 4 ou 5 ans. Le traitement repose sur une fluidothérapie (intraveineuse ou sous-cutanée) pour diminuer l’azotémie, un apport de chélateurs de phosphore lors d’hyperphosphatémie, et l’administration d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine ou IECA (bénazépril, 0,25 à 0,5 mg/kg, une fois par jour). Il importe de couvrir les besoins caloriques, les protéines animales devant constituer la base de la ration, et d’apporter des acides gras oméga 3. Cependant, il est parfois difficile de faire accepter une transition alimentaire au furet. Les troubles digestifs éventuellement associés sont traités de manière classique (métoclopramide, cimétidine, oméprazole).
→ Des kystes rénaux sont assez souvent mis en évidence par échographie, mais ils sont rarement responsables d’une insuffisance rénale, sauf en présence d’autres lésions associées ou dans des stades avancés, bilatéraux. Une ponction échoguidée est possible sur un kyste de grande taille, mais la collection liquidienne risque de se reformer rapidement.
→ Les tumeurs rénales primitives (carcinome, hémangiosarcome) sont rares. Les métastases rénales de lymphome sont plus fréquentes.
→ Plusieurs infections virales sont susceptibles d’entraîner une atteinte rénale, comme la coronavirose systémique (responsable d’un syndrome granulomateux inflammatoire systémique) ou la maladie aléoutienne (entraînant une glomérulopathie, évoluant sur 1 à 2 ans), qui semble cependant rare en France.
→ Les urolithiases affectent plus souvent les mâles que les femelles, notamment en raison de la conformation anatomique de l’appareil urinaire. Elles sont favorisées par une alimentation trop riche en végétaux : celle-ci doit impérativement être corrigée si des cristaux urinaires (struvites, le plus souvent) sont mis en évidence. Un blocage peut être levé par sondage, sous tranquillisation et anesthésie locale, ou sous anesthésie générale. Celui-ci est réalisé au moyen d’une sonde urinaire d’1,2 mm de diamètre maximum (3,5 Fr), d’une longueur de 14 à 20 cm (pour tenir compte de la longueur du pénis chez le mâle), et si possible munie d’un guide. L’acte doit être réalisé dans des conditions stériles pour éviter les risques d’infection ascendante. Le pronostic est bon si l’animal récupère bien dans les 48 heures qui suivent la levée de l’obstruction.
Si besoin, une exérèse chirurgicale peut être pratiquée, en effectuant une petite incision de l’urètre (sondé au préalable) à l’aide d’une lame de bistouri (de petite taille, comme celles utilisées en ophtalmologie), suivie d’une suture cutanéo-muqueuse. Lors de calculs vésicaux, la suture est effectuée à l’aide de fil de calibre 3/0 ou 4/0, avec des points simples. L’étanchéité est vérifiée, comme chez les chiens et les chats. Il est possible d’omentaliser la vessie.
→ L’hypertrophie prostatique est fréquente lors de maladie surrénalienne. Outre le sondage pour libérer l’obstruction, il est possible de pratiquer une exérèse chirurgicale de la glande surrénale atteinte. Une injection de delmadinone (Tardak(r)) peut être effectuée, la pose d’un implant de desloréline (Suprelorin(r)) peut également être envisagée. Un abcès ou une prostatite sont également à rechercher.
→ Des traumatismes des voies urinaires sont aussi possibles, ils sont à explorer par échographie.
→ Une hydronéphrose et/ou un hydro-uretère sont peu fréquents, ils sont le plus souvent dus à une erreur chirurgicale au cours d’une ovario-hystérectomie de convenance (ligature d’un uretère), voire à une anomalie congénitale ou à la présence d’un calcul ou d’une tumeur.
La consommation d’eau est importante chez le furet, entre 75 et 100 ml par jour. L’excrétion urinaire est en moyenne de 26 à 28 ml par jour. Le furet possède une bonne capacité de concentration des urines. Leur pH est influencé par la composition de la ration alimentaire, il est autour de 6 lors de régime riche en protéines animales. La contenance maximale de la vessie est d’environ 10 ml. Il est possible de réaliser une bandelette urinaire, mais la mesure du rapport protéines/créatinine urinaires (RPCU) semble présenter peu d’intérêt.
Lors d’insuffisance rénale, la concentration sanguine en créatinine s’élève rarement (une dégradation entéritique ou une sécrétion tubulaire rénale de la créatinine sont soupçonnées), quelle que soit l’urémie associée (valeurs usuelles entre 0,29 et 1,02 g/l). Toute valeur de créatininémie supérieure aux normes de référence (2,6 à 8,7 mg/l) est donc à prendre en compte. Réaliser un ionogramme est souvent utile : une hyperphosphatémie (> 100 mg/l), une hypocalcémie (< 80 mg/l) et une hyperkaliémie (> 6 mmol/l) permettent d’orienter le diagnostic.
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