La “langue bleue” fait à nouveau trembler les éleveurs de la Crau

Sept toros bravos venant d’Espagne, arrivés en France le 16 avril 2015 en vue de la féria de la Crau du 25 avril, ont été détectés positifs par la direction départementale de la protection des populations des Bouches-du-Rhône (DDPP 13) pour la fièvre catarrhale ovine (FCO) de sérotype 4.

Déjà en janvier dernier, un cas avait été détecté près de Marseille sur des agneaux également importés d’Espagne. Le président de la fédération départementale ovine (FDO) a rappelé qu’ « il a fallu vérifier tous les élevages autour des Pennes-Mirabeau. Ça a coûté un argent fou à l’État. L’importante mobilisation des éleveurs, des vétérinaires, des associations d’éleveurs et du laboratoire départemental d’analyse avait alors permis de démontrer l’absence de circulation du virus. » Et la saison n’était pas propice au vecteur.

Mesures de police sanitaire en place

La réunion d’information du 6 mai 2015 à Saint-Martin-de-Crau, proposée par la DDPP 13 et le groupement de défense sanitaire (GDS) des bouches-du-Rhône, avec les professionnels concernés a eu pour but d’apporter des réponses aux inquiétudes des éleveurs. Car, depuis le 4 mai, un cordon sanitaire de 20 km est établi autour de l’élevage où étaient arrivés les taureaux. Tous les élevages situés dans ce périmètre vont faire l’objet de deux visites vétérinaires prises en charge par l’État, afin de surveiller l’apparition éventuelle de signes cliniques. Il convient également d’empêcher la maladie de se répandre : tout déplacement de ruminant est interdit, aucun n’entre ni ne sort de la zone, et des mesures de lutte contre les vecteurs sont rendues obligatoires. Il est demandé aux éleveurs qui n’ont pas d’animaux en pâture dans ce périmètre de le contourner, ou, si la traversée routière est nécessaire, de procéder à une désinsectisation à l’entrée et à la sortie. Des dérogations sont accordées au cas par cas par la DDPP 13, par exemple pour aller à l’abattoir, ce qui n’exclut pas la désinsectisation de la bétaillère.

Des conséquences potentiellement lourdes

Les bouches-du-Rhône figurent parmi les départements ovins les plus importants. Le congrès annuel de la Fédération nationale ovine (FNO) s’est bien tenu les 24 et 25 avril 2014 à arles en présence du ministre de l’agriculture, mais, depuis, le programme de toutes les manifestations impliquant des ruminants dans cette zone et dans la région est bouleversé. Les concours ne sont autorisés qu’entre manades locales, seuls les chevaux peuvent se déplacer librement. Le président de la fédération française de la course camarguaise (FFCC), gérard batifort, s’est engagé à fournir à la DDPP 13 la liste des courses de taureaux et de vaches pour la semaine, afin d’éviter des démarches individuelles.

La situation pourrait durer, au mieux jusqu’au 25 mai, et les conséquences économiques risquent d’être importantes pour les élevages. Les pratiques ancestrales comme le pastoralisme et la transhumance seraient remises en cause. Les troupeaux devraient pâturer des herbes achetées, le cycle de l’herbe dans la région obligeant, en temps normal, à effectuer une transhumance de quatre mois.