RENAISSANCE DE LA MUSE

Les vocations profondes, forgées dès l’enfance, sont toujours imaginées au singulier. Sans doute parce que l’on nous a appris très tôt à ne choisir qu’un seul métier. Depuis presque 20 ans, Vanessa Fuks (A 96) mène pourtant deux carrières parallèles. Praticienne à Oléron, notre consœur est également romancière. Elle a publié, cet automne, Amarante, son septième roman. Pourtant ce récit – qui au départ répondait à une commande de scénario – ravive l’inspiration romanesque de l’auteure d’une veine nettement plus visuelle et tranchante. Il explore une question simple et curieuse : que devient la muse d’un artiste renommé à la mort de celui-ci ? Dépossédée d’elle-même, ayant consenti pendant 20 ans à n’exister qu’à travers le regard de celui qui l’adorait et la peignait, Sandra doit s’éveiller du grand rêve passionnel qui la protégeait. Du peintre disparu, elle hérite d’une propriété isolée dans le sud de la France. S’y installant, elle en découvre le passé équivoque. Elle y retrouve aussi sa liberté. Transgressive, son émancipation sème le branle-bas alentour. En rouvrant les volets de l’ancienne maison close, Sandra incendie le présent et… convoque l’éternité. Le titre de ce roman d’amour, rogue et sensuel, désigne à la fois une couleur pourpre et une fleur qui ne fane jamais.

Amarante de Vanessa Fuks, Les Contrebandiers éditeurs, 14 x 20,5 cm, 148 pages, 15 €.