Actinobacillus pleuropneumoniæ : comment y faire face à long terme ?

La pleuropneumonie porcine engendre des pertes importantes dans les élevages quand elle n’est pas maîtrisée. S’il est difficile d’éradiquer la maladie dans un troupeau infecté, vaccination, biosécurité et maîtrise de l’ambiance sont les mots clés pour la prévention des signes cliniques.

Diagnostiquer

Toux, détresse respiratoire, mort subite en engraissement ainsi que saisies à l’abattoir sont les principaux critères d’alerte. La suspicion d’une atteinte par Actinobacillus pleuropneumoniæ (App) lors de l’observation des lésions pulmonaires à l’abattoir est aisée. Sur le terrain, en revanche, les tests sérologiques sont plus délicats à utiliser.

Selon Marcelo Gottschalk (université de Montréal, Canada), l’Elisa-LPS est le test le plus adapté dans les élevages. L’objectif est de mettre en évidence la présence d’une souche virulente d’App, c’est-à-dire une souche des sérotypes 2, 9 ou 11 en France (80 % des souches isolées). Ce sont donc ces sérotypes qui seront recherchés en première intention. Il existe un kit de recherche du sérogroupe 1/9/11 et un kit de recherche du sérotype 2. Si la spécificité de l’Elisa-LPS est excellente, sa sensibilité est relativement faible (75 %), précise Marcelo Gottschalk.

Vaccination

Selon Arnaud Lebret (Porc. Spective, groupe vétérinaire Chêne Vert Conseil), il convient, lors d’épisode clinique aigu, de débuter une vaccination des porcelets avec un vaccin commercial, le temps d’isoler la souche présente dans l’élevage. Le vaccin commercial est actif contre tous les sérotypes d’App et permet de réduire les signes cliniques. Par la suite, la mise en place d’un autovaccin pour les porcelets, les truies et les cochettes, spécifique de la souche isolée dans l’élevage, est la solution à conseiller. La vaccination des truies de bande à bande et des cochettes en quarantaine permet de limiter la transmission verticale de la truie à sa portée. À terme, cette vaccination permettra de stopper celle des porcelets, lorsqu’il n’y aura plus de signes cliniques d’App, ni de lésions caractéristiques à l’abattoir. La surveillance sérologique de cochettes sentinelles permettra de décider de l’arrêt de la vaccination du troupeau de reproducteurs.

Renforcer la biosécurité

Le respect de la conduite en bande stricte, de la marche en avant et de la conduite en tout plein-tout vide avec un nettoyage et une désinfection soignés entre les bandes sont des points fondamentaux dans la gestion de l’App en élevage.

Maîtriser l’ambiance

Il est aussi impératif de vérifier avec l’éleveur les conditions d’ambiance et la gestion de la ventilation et du chauffage. Les conditions favorisant l’introduction d’air froid dans les salles, l’exposition des porcs à des courants d’air ou les fortes fluctuations thermiques quotidiennes contribuent au développement et à l’expression clinique de l’App. Une vitesse insuffisante d’entrée de l’air dans les salles, par exemple, expose les porcs à des courants d’air froid (^schéma).

Le respect des règles simples de conduite d’élevage et de biosécurité, le contrôle de la ventilation des salles et la formation de l’éleveur à l’utilisation de ses boîtiers de régulation, en hiver, en été et dans les périodes intermédiaires, sont une priorité dans la gestion des maladies respiratoires en élevage, au-delà des mesures thérapeutiques.

• Sources :

  – Présentations faites lors du congrès de l’ESPHM à Nantes, du 22 au 24/4/2015 : Marcelo Gottschalk. Actinobacillus pleuropneumoniæ heterogeneity of pathogenicity ; Arnaud Lebret. How to cope with App in pig herds.

  – Maîtrise de la ventilation et du chauffage en porcherie, Chambre d’agriculture de Bretagne et Ifip, juin 2008.