Ma thèse en 180 secondes : une vétérinaire nantaise en finale

Top chrono ! Sur le modèle de Questions pour un champion, Nora Cesbron, casque-micro vissé sur la tête, se lance : « Première question : je suis une molécule naturelle ou de synthèse qui a fait les gros titres des journaux… À l’origine de la première grande crise alimentaire des années 1980 ayant entraîné le boycott de la viande de veau… J’accompagne les rêves de gloire des grands athlètes (…). Je suis ? Je suis ? Un stéroïde anabolisant. » En 180 secondes, la vétérinaire a présenté le sujet de la thèse de doctorat qu’elle soutiendra en octobre prochain : « Les SARMs (selective androgen receptor modulators), une nouvelle famille d’agents anabolisants : étude des effets zootechniques et développement de stratégies analytiques visant la mise en évidence de leur utilisation chez le jeune bovin. » Mais ici, à Nancy, sur la scène du centre Prouvé, devant un public de 850 personnes réunies à l’université de Lorraine, le cahier des charges de ce concours, venu d’Australie et lancé il y a deux ans en France, impose une bonne dose de vulgarisation et d’humour.

Démythifier le doctorat

À l’image des pitchs popularisés par les concours de start-up pour convaincre des investisseurs, il s’agit de rendre limpides des sujets plutôt hermétiques au plus grand nombre. Et ce dans les domaines scientifique, historique, philosophique, littéraire, etc. « Un super exercice, mais un exercice de style difficile, reconnaît Nora Cesbron, déjà préparée à la prise de parole en public face à des auditoires estudiantins. Il faut synthétiser trois ans d’études en trois minutes. Mettre en avant certains points, vulgariser des choses qui nous semblent professionnellement évidentes, trouver un vocabulaire approprié et donner des exemples pour que les gens puissent se reconnaître à travers les cas. Pour beaucoup de doctorants, c’est une première façon de présenter son sujet devant un public. Cela participe aussi d’un apprentissage des différentes formes de diffusion de l’information. Qu’il s’agisse d’intervenir dans un congrès scientifique ou de répondre aux questions des journalistes. Enfin, cela permet de montrer ce qu’est un doctorat au grand public. Sa vision est souvent obscure, or le doctorat répond à des questions sociétales ou scientifiques souvent proches de la réalité quotidienne. » Si Nora n’a pas remporté la finale¹, elle remontera sur scène en octobre prochain. Elle aura, cette fois, 45 minutes pour convaincre un autre jury. Et une à deux heures de questions-réponses pour soutenir sa thèse… et devenir une championne. Une autre histoire.

• 1 Trois étudiants ont été sélectionnés pour représenter la France lors de la prochaine finale internationale MT180, qui se déroulera à Paris le 1^er octobre 2015. Présentations à voir sur : http://mt180.fr/et-les-trois-finalistes-francais-sont