Dossier
Nous sommes en train de faire avec la conscience ce qui a été fait sur la souffrance au début du xxe siècle, où le concept de nociception avait été inventé pour justifier le fait que les animaux ont des voies nerveuses liées à la douleur mais ne la ressentent pas comme l’homme. Par exemple, la notion de sentience risque d’être utilisée de la même façon pour parler de la conscience animale comme d’une sous-conscience par rapport à celle de l’homme. Mais être conscient ne veut pas dire que l’animal a notre conscience. Ne pourrait-on pas admettre que le chien a une conscience de chien dans son monde de chien, comme l’homme dispose de sa conscience dans son monde ? La représentation des événements est différente pour ces deux espèces, mais elle l’est également pour deux individus d’une même espèce. Il est évident qu’on peut prêter à l’animal d’avoir une représentation de son monde, une forme de conscience de soi, et des autres, notamment par les liens d’attachement (de la mère à son petit, par exemple), qui montrent qu’il reconnaît une individualité à l’autre. Je pense, comme le philosophe Jacques Derrida, que parler de la conscience des animaux, sous-entendu autres que l’homme, n’a pas de sens : il conviendrait de parler de la conscience d’une espèce animale en particulier (des chiens, par exemple), sans généraliser.
Des preuves d’une représentation de soi, d’une mémoire épisodique ou d’un départ de morale chez l’animal sont recherchées comme éléments de sa conscience. Mais quelle preuve suffira ? La limite est sans cesse repoussée. En allant plus loin, on pourrait même se poser la question de l’inconscient, dont l’animal n’a pas de raison d’être exclu : dans la nature, l’inceste est prohibé dans de nombreuses espèces, la pulsion de vie ou de mort existe, et, chacun à leur niveau, les animaux peuvent subir des processus de refoulement, de transformation, etc.
Il serait intéressant de se demander pourquoi nous nous posons la question de la conscience animale. Pourquoi celle-ci soulève-t-elle tant de passions ? Quel danger pour l’homme représente-t-elle, à part de se demander ce qui lui reste et ce qui le différencie de l’animal ? Affirmer que l’animal a une conscience bouleverse forcément sa représentation et pose la question de son utilisation. Sans rentrer dans les polémiques et les extrémismes, l’important est qu’on prête attention à ce sujet, et qu’on en parle : la conception de l’animal change, et c’est cela qui est capital.
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