CONFÉRENCE
Pratique canine
FORMATION
Auteur(s) : Juan Hernandez*, Richard Blostin**, Gwenaël Outters***
Fonctions :
*Diplomate Acvim, praticien au CHV Frégis à Arcueil
(Val-de-Marne).
**Praticien à Champagne-sur-Seine (Seine-et-Marne).
Article rédigé d’après une présentation faite au congrès de l’Afvac
à Paris, en novembre 2014.
– Quelle que soit l’approche thérapeutique, la démarche diagnostique doit être rigoureuse.
– Les médecines non conventionnelles sont des thérapeutiques individualisées et la prescription suit l’évolution de l’animal.
– Le sevrage des corticoïdes est indispensable à la réussite du traitement.
– L’association des techniques manuelles et de la phytothérapie apporte de très bons résultats sur les rhinites chroniques.
Une rhinite chronique est une inflammation lymphoplasmocytaire ou éosinophilique idiopathique. Ce type d’inflammation n’est pas spécifique et peut être retrouvé en périphérie d’une lésion tumorale ou d’un corps étranger. Lorsqu’une inflammation lymphoplasmocytaire est identifiée et que la réponse au traitement allopathique n’est pas satisfaisante, la première étape consiste à confirmer le diagnostic en renouvelant des examens. Des hypothèses sont avancées pour expliquer l’origine des rhinites chroniques : hypersensibilité, perte de tolérance immunitaire aux antigènes commensaux, implication de Bartonella sp. ou d’agents fongiques.
Les signes cliniques classiques sont des éternuements, un jetage (clair, muqueux ou mucopurulent). Une épistaxis est possible, mais n’est quasiment jamais le motif de consultation. L’éternuement inverse ou reverse sneezing (bruit de cochon paroxystique !) est le reflet de l’extension nasopharyngée de l’inflammation ou d’écoulements dans le nasopharynx. Une évolution d’emblée bilatérale est davantage en faveur d’une rhinite chronique. Un scénario “éternuements et jetage puis épistaxis” est différent du scénario “épistaxis seule”, qui évoque plutôt un phénomène extranasal ou tumoral. Une modification de la colonne d’air (obstruction des cavités nasales) oriente vers une obstruction tumorale ou par des mucosités plutôt que vers une aspergillose. La douleur à la pression du chanfrein est souvent franche lors d’aspergillose. La dentition doit être examinée, en particulier chez le yorkshire. Les substances protéolytiques sécrétées par Aspergillus induisent une dépigmentation de la truffe sur le trajet du jetage. Enfin, les nœ;uds lymphatiques sont rarement réactionnels lors de rhinite chronique.
Les autres causes d’éternuement et de jetage doivent être éliminées : corps étranger, tumeur, aspergillose, fistule oronasale (notamment chez le yorkshire), fente palatine, certains déficits immunitaires locaux (dyskinésie ciliaire primitive). Les causes extranasales sont représentées par les coagulopathies, l’hypertension artérielle systémique, le syndrome d’hyperviscosité sanguine ou les vasculites. Dans ces cas, l’épistaxis est en général le motif de consultation.
Chez le jeune, il est davantage rencontré des corps étrangers, de l’aspergillose ou des rhinites chroniques. Avec l’âge, apparaissent les tumeurs (carcinome nasal fréquent au-delà de 8 à 9 ans). Le mode de vie et la race sont également des indicateurs : le rottweiller, le golden retriever et le berger allemand sont particulièrement touchés par l’aspergillose, les dolichocéphales ont davantage de risques de tumeurs, alors que les whippets sont fortement sujets aux rhinites chroniques rebelles.
Ils constituent une étape fondamentale. L’imagerie en coupe et la rhinoscopie présentent une forte complémentarité, surtout dans la recherche d’aspergillose ou de sinusite chronique. La biopsie, nécessaire, recherche les phénomènes inflammatoires chroniques idiopathiques. En revanche, la bactériologie n’apporte rien sauf lors de sinusite et sur des prélèvements réalisés directement dans le sinus frontal après trépanation.
Le traitement classique consiste en une corticothérapie par voie systémique ou locale (nébulisations), souvent à doses élevées (prednisolone 0,5 à 1 mg/kg/j), ce qui, en soit, ne peut être satisfaisant, d’où la nécessité d’avoir recours à des stratégies alternatives. Selon Juan Hernandez, le pronostic de guérison est sombre, bien qu’il existe des cas de stabilisation favorable si plusieurs approches sont combinées. Quelques cas restent totalement rebelles.
Le but de la prise en charge des maladies chroniques par les médecines non conventionnelles est d’améliorer l’état de l’animal, voire de le guérir, quand les thérapies conventionnelles échouent. Cela implique de faire un sevrage des traitements antérieurs sans provoquer d’aggravation. Selon l’expérience de Richard Blostin, grâce à ces médecines complémentaires, un tiers des cas sont guéris après quelques mois avec maintien d’un traitement minimum et deux tiers sont nettement améliorés sans aucune utilisation d’allopathie. Leur mise en place nécessite de prendre le temps d’en expliquer les objectifs et les modalités.
Les thérapies manuelles (comme l’ostéopathie crânienne et la fasciathérapie) permettent de vérifier les zones de tension ou de chaleur (au niveau des os du crâne, des sinus frontaux et des cornets nasaux), puis de lever les tensions pour redonner la possibilité de mouvement des os. Des études montrent, par ailleurs, qu’il existe des cellules réceptives aux massages et que ceux-ci atténuent les cytokines de l’inflammation de façon systémique. Notre confrère obtient parfois, dès cette étape, des résultats spectaculaires.
L’atout des médecines non conventionnelles, en particulier de la phytothérapie, est de solliciter le système immunitaire naturel. Or, l’utilisation prolongée des corticoïdes l’a inhibé et il ne saurait être prescrit de phytothérapie sans un sevrage de ces médicaments. Pour cela, le cassis en EPS (extraits de plantes standardisés) est utilisé seul, à la dose de 1 ml/10 kg tous les 2 jours puis augmentation progressive jusqu’à 3 à 4 ml/10 kg, tout en diminuant les corticoïdes sur plusieurs semaines. La rhinite chronique répond ensuite souvent à l’utilisation simultanée de trois plantes immunomodulatrices à tropisme respiratoire haut : réglisse, sureau et cassis. Elles peuvent être accompagnées, lors de composante virale (surtout chez le chat), de cyprès et de canneberge. Elles sont utilisées sous forme de mélange d’EPS, administré à la dose de 2 ml/10 kg, deux fois par jour (1 ml/10 kg pour les grandes races). Pour le chat, il convient de diluer la préparation avec un peu d’eau et de fractionner les quantités. Notre confrère remarque, en général, une bonne observance et une bonne tolérance de ces traitements (parfois un inconfort digestif est noté en début de traitement, lié à la glycérine des EPS).
Chez le chien et le chat, Cinnabaris répond aux affections chroniques sinusales accompagnées de douleurs au niveau des sinus frontaux et de mucosités postérieures. Dulcamara est un remède fiable lors de nette aggravation par temps froid et humide. Thuya convient à un animal obèse, “iatrogénisé”, à profil cushinoïde, dont les symptômes s’aggravent par temps froid et humide. Natrum sulfuricum correspond à des animaux qui semblent “gonfler” en fonction du temps. En pratique, notre confrère obtient de bons résultats en utilisant Cinnabaris 5 CH, trois granules deux fois par jour, plus Dulcamara 9 CH, trois granules le midi. Il ajoute Thuya 9 CH ou Natrum 15 CH, une dose par semaine en fonction du profil de l’animal.
L’oligothérapie est utilisée essentiellement chez le chat, pour lutter contre les infections virales. Notre confrère prescrit du cuivre Oligostim®, un comprimé deux fois par jour, à vie, sans effet secondaire (ou association cuivre, or, argent). La micronutrition consiste en l’utilisation des probiotiques, dont l’effet bénéfique est de plus en plus démontré dans les maladies inflammatoires chroniques. Enfin, face à l’obésité, les propriétaires doivent être sensibilisés à la nécessité de faire maigrir leur animal, d’autant que le tissu adipeux entretient l’inflammation chronique. Dans un deuxième temps, un aliment hypoallergénique peut constituer une étape supplémentaire dans l’amélioration clinique.
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