Avec votre équipe, adaptez-vous votre niveau d’exigence aux circonstances ?

Faire preuve de flexibilité

Paul Pfister (Liège 08) Praticien mixte à Pluméliau (Morbihan).

Dans notre structure de 35 personnes, dont six associés, j’ai en charge les ressources humaines. C’est une fonction qui réclame de l’empathie et de la compréhension. L’employeur doit faire preuve de flexibilité. La tâche se complique, certes, avec le nombre de salariés, mais être à l’écoute est le gage d’une meilleure productivité de leur part. Sans doute suis-je sensible aux demandes des uns et des autres parce qu’ayant moi-même 32 ans et des enfants, je comprends bien les problématiques qui s’imposent à notre jeune équipe. J’essaie en conséquence de manager de manière familiale.

J’encourage les gens à se responsabiliser. Si un écart survient, il convient alors d’écouter, de discuter, de comprendre, voire de recadrer, le cas échéant.

Le vrai défi consiste à rechercher en permanence une certaine harmonisation dans les relations avec tous les salariés, au bénéfice de l’entreprise. L’approche sera un peu différente avec les vétérinaires. Convaincus du rôle prépondérant qu’ils jouent au sein du cabinet, ils font montre de plus d’exigence en matière de revalorisation de salaire, d’horaires aménagés ou de congés. Notre exigence à leur égard doit être à la mesure de la leur.

Je ne suis pas un bourreau d’exigence

Adrien Bernard (L 07) Praticien mixteà Montrevel-en-Bresse et à Saint-Bénigne (Ain).

Face à l’équipe, nous devons savoir faire des concessions de temps en temps et, surtout, personnaliser notre message. Si la trame de notre comportement vis-à-vis des salariés doit être identique, et si possible irréprochable, il est nécessaire de l’adapter aux personnes, aux fonctions qu’elles occupent et à leurs préoccupations du moment.

Pour les secrétaires, je privilégie la constance et la rigueur dans le travail, afin que leur fonctionnement leur permette de ne pas être prises par le temps ou par un changement d’organisation. Pour les praticiens, mon attention se tourne davantage vers l’investissement professionnel et personnel. Notre activité, sur deux sites, étant sectorisée, chacun des six associés de la structure a une proximité plus grande avec certains salariés qu’avec l’ensemble des autres ; et l’approche de la relation que nous entretenons avec eux est forcément plus construite. Notre exigence à leur égard est plus marquée parce que leur impact est direct sur notre quotidien. Mais nous ne sommes pas des bourreaux d’exigence.

Nous devons envisager de relâcher la pression de temps à autre, afin de permettre une meilleure qualité de travail sur le long terme.

Une communication plus humaine

Laurent Bernard (L 95) Praticien canin à Mours-Saint-Eusèbe (Drôme).

Mon exigence porte prioritairement sur l’accueil des clients et le respect des procédures, pour les assistantes. Quant aux vétérinaires salariés, j’attends d’eux davantage de détermination à résoudre les diverses pathologies rencontrées.

Mais j’ai tendance à lâcher prise, lorsqu’il m’apparaît que la situation ne se prête pas à demander ce qui n’est pas réalisable ou ce qui provoquerait des situations d’incompréhension de la part de mes collaborateurs, en cas de situation urgente et surtout, de surcharge de travail. J’essaie en général de prendre du recul. Je le dois à mon implication au Centre des jeunes dirigeants d’entreprise (CJD), dont je dois être l’un des rares vétérinaires parmi les 4 500 chefs d’entreprise qu’il rassemble. Le plus ancien mouvement patronal français a pour ambition de promouvoir des idées nouvelles pour rendre l’entreprise plus compétitive et plus humaine. Les formations qu’il dispense sont utiles pour des métiers comme le nôtre où l’on a souvent le nez dans le guidon, ce qui ne nous rend pas forcément aptes à appréhender les situations de crise. Cet apprentissage m’a été très profitable dans ma relation avec les salariés.