Évaluation pratique des besoins hydro-électrolytiques du veau diarrhéique

L’examen clinique du veau diarrhéique est important, car il permet de calculer de façon pratique, rapide et simple la quantité d’eau et de bicarbonates dont le veau a besoin. Une fluidothérapie appropriée en dépend.

Les données recueillies peuvent être intégrées pour estimer les besoins de l’animal en établissant un score (^{tableau 1}). Après l’examen à distance et l’évaluation de la capacité de l’animal à tenir debout, la prise de température est essentielle pour le pronostic et le nursing. L’aspect des selles peut orienter vers une diarrhée du type inflammatoire ou sécrétoire, par exemple. Mettre la main dans la gueule du veau permet de vérifier le réflexe de succion et d’évaluer la chaleur de la cavité buccale. Le pli de peau et l’enfoncement de l’œil sont des signes à prendre en compte pour évaluer le pourcentage de déshydratation (%DH). L’enfoncement de l’œil doit être relativisé si l’animal est cachectique. L’examen se poursuit par la vérification de l’ombilic, par une prise d’urine chez les mâles, et se termine par l’évaluation des réflexes (à la menace et au toucher) et de la température des extrémités.

Estimation du besoin en eau

La pesée du veau n’est pas toujours effectuée, pourtant le poids vif (PV) est souvent sur- ou sous-évalué. Celui-ci n’est pas à négliger, car il intervient dans l’évaluation du besoin en volume de réhydratant, qui se calcule suivant l’équation PV × %DH. Lorsque le volume à perfuser est important, il doit l’être durant un long moment, pendant lequel le veau continue à perdre de l’eau. Cette perte est estimée à 35 ml/kg de PV/6 heures.

Les besoins en réhydratant pour une durée de 6 heures sont calculés ainsi : PV × %DH + (35 × PV) / 1 000. Par exemple, un veau de 50 kg déshydraté à 12 % a un besoin de 50 × 0,12 = 6 l de réhydratant. Ces 6 litres sont perfusés sur 6 heures. Le besoin réel de l’animal durant ce temps est de 6 + 35 × 50 / 1 000 = 7,750 l. Ainsi, ce sont en réalité près de 8 litres qui doivent être apportés au veau par perfusion ou par voie orale, à répartir sur ces 6 heures.

Estimation du déséquilibre électrolytique

Le besoin en bicarbonates (BB) est estimé par le tableau de Kasari¹ en fonction de l’âge du veau et de son état de déshydratation (^{tableau 2}). Le réflexe à la menace est le plus important pour détecter une D-lactatémie et permet d’établir un score. Le tableau 2 donne une valeur de déficit de base (DB) en mmol/l, sachant que 12 mmol/l = 1 g de bicarbonates. Le besoin en bicarbonates est calculé ainsi : BB = DB × PV × 0,5.

Par exemple, pour un veau de plus de 8 jours, peu déshydraté ayant un score de 7, le déficit de base est estimé à 22 mmol/l. S’il pèse 50 kg, son besoin en bicarbonates sera de (50 × 22 × 0,5 = 550 mmol/l, soit 550/12 = 46 g de bicarbonates.

Autres paramètres essentiels

L’auscultation cardiaque est obligatoire car une hyperkaliémie provoque une bradycardie et des troubles du rythme. Dans ce cas, il convient d’éviter absolument de perfuser un soluté contenant du potassium.

Les besoins en glucose, en revanche, ne sont pas prévisibles par l’examen clinique, mais peuvent être estimés, entre 10 et 45 g. Cet apport peut être couvert par un soluté formulé pour la réhydratation des veaux (qui apporte entre 11 et 40 g/l de sucre), soit par l’ajout de 50 à 150 g de glucose 30 % à la perfusion.

• 1 Kasari T.R., Naylor J.M. Can. J. Vet. Res. 1986;50 (4):502-508.