Mycotoxines : l’approche diagnostique reste compliquée - La Semaine Vétérinaire n° 1638 du 10/07/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1638 du 10/07/2015

SYNTHÈSE

Pratique mixte

FORMATION

Auteur(s) : Gwenaël Boulbria

Les porcs sont exposés à de nombreuses mycotoxines via leur alimentation mais les signes cliniques sont peu spécifiques. Les effets toxiques de la zéaralénone sont marqués au niveau des organes reproducteurs et des performances de reproduction. Ses effets œstrogéniques se manifestent par un rougissement et une tuméfaction vulvaire, une baisse de la prolificité des truies, une réduction de la qualité du sperme et de sa quantité.

Les effets toxiques du déoxynivalénol (DON) sont, eux, marqués au niveau digestif, avec une baisse de l’ingestion voire de l’anorexie et une dégradation de l’indice de consommation. De plus, une sensibilité accrue du tube digestif aux agents pathogènes se traduit par de la diarrhée et/ou des vomissements.

Par ailleurs, de nombreuses mycotoxines (ochratoxines, aflatoxines) ont un effet immunodépresseur. L’exposition à ces mycotoxines augmente la sensibilité des porcs à des infections bactériennes ou virales et diminue la prise vaccinale.

Difficultés d’échantillonnage

Les mycotoxines sont souvent réparties de façons hétérogènes dans un lot d’aliment ou de matière première. Il est donc recommandé de faire plusieurs prélèvements en différents points du silo de stockage, de les conserver au frais et de renouveler les prélèvements pendant 3 à 5 jours consécutifs, avant de les envoyer au laboratoire.

Incertitude de l’analyse

Les teneurs maximales recommandées dans les matières premières et les aliments transformés ont été publiées au Journal officiel de l’Union européenne en 2006. Mais les laboratoires n’analysent pas seulement la molécule de DON ou de zéaralénone, ils recherchent également leurs dérivés, dont la toxicité est variable. Par exemple, le nivalénol, qui est le trichothécène le plus souvent rencontré après le DON, serait, selon les études, deux à dix fois plus toxique que ce dernier.

Le praticien, lors de l’interprétation des résultats, doit alors tenir compte de toutes les mycotoxines d’une même famille, en pondérant chaque résultat par un coefficient correspondant à sa toxicité relative. Dans ce cas les teneurs maximales recommandées ne sont pas clairement établies. Les coefficients à appliquer sont différents selon les effets des mycotoxines, ce qui complique encore un peu plus l’interprétation.

Une autre difficulté rencontrée par le praticien est la présence dans l’alimentation de mycotoxines modifiées par la plante, les conditions climatiques avant la récolte ou lors de la conservation des matières premières. Ces modifications les rendent non détectables par les méthodes d’analyse actuellement disponibles en routine. Cependant, ces mycotoxines masquées seraient aussi responsables de troubles de santé.

Polycontamination

Notons, par ailleurs, qu’un champignon peut produire plusieurs mycotoxines, et que sur une même plante, plusieurs champignons peuvent se développer. Si l’on ajoute à cela que les rations sont composées de plusieurs matières premières qui peuvent être contaminées par des toxines différentes, les porcs sont exposés à des aliments polycontaminés. Or les seuils de toxicité évoqués jusqu’à aujourd’hui sont établis pour l’exposition du porc à une seule mycotoxine. L’effet toxique d’un cocktail de mycotoxines n’est pas connu. Lors de l’ingestion d’un aliment polycontaminé par un animal, les mycotoxines ont-elles un effet antagoniste ? un effet additif ? ou un effet synergique ?

Diagnostic et thérapeutique

Le plus souvent le résultat d’analyse permet de renforcer la suspicion de trouble de santé lié aux mycotoxines. Il s’agit alors d’écarter les matières premières à risque ou d’ajouter des capteurs de mycotoxines dans la ration, puis de réévaluer la situation quelques semaines plus tard.

Sources :

Conférences d’Isabelle Oswald (Impact of mycotoxines on pig health) et Sven Daenicke (Do mycotoxines really impact pig health ?) au congrès de l’European symposium of porcine health management (ESPHM) à Nantes, en avril dernier.

Évaluation des risques liés à la présence de mycotoxines dans les chaînes alimentaires humaine et animale. Rapport final de l’Anses, mars 2009.

Remerciements à Isabelle Oswald de l’unité mixte de recherche Toxalim de l’Inra de Toulouse.

MYCOTOXINES D’UNE MÊME FAMILLE CLASSÉES PAR TOXICITÉ DÉCROISSANTE

• Fusarénone > 15-acétyldéoxynivalénol et nivalénol > Déoxynivalénol > 3-acétyldéoxynivalénol

•  α-zéaralénol > α-zéaralanol > Zéaralénone > β-zéaralénol

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