Étienne Thiry : « La connaissance des maladies virales est révolutionnée par la virologie moléculaire »

Dans quel contexte la publication de cette deuxième édition s’inscrit-elle ?

Nous avons assisté à plusieurs évolutions ces dix dernières années, à commencer par l’approfondissement, au niveau scientifique, de données relatives à des maladies connues. L’apparition des nouvelles méthodes de virologie moléculaire est également à noter, car cela revêt un grand intérêt pour le champ médical.

Les possibilités qui se sont ouvertes en termes d’investigation ont également conduit à l’identification de nouvelles maladies. Sur ce point, il importe de distinguer deux catégories. L’une concerne la découverte, grâce à l’amélioration des technologies, de virus dont l’existence n’était pas soupçonnée. À ce titre, il convient de différencier les virus pathogènes de ceux qui ne sont pas liés à une maladie. En outre, il importe de garder à l’esprit que ce n’est pas parce que ces virus n’étaient pas mis en évidence antérieurement qu’ils n’existaient pas. L’ouvrage aborde ces infections identifiées récemment quand elles sont associées à une maladie.

L’autre catégorie regroupe la mise à jour des connaissances sur les maladies connues et certaines “vraies” émergences, telles que le calicivirus virulent systémique chez le chat, le coronavirus pantropique chez le chien ou la grippe, à laquelle les espèces féline et canine se révèlent sensibles… Des éléments que le praticien n’avait pas intégrés jusqu’alors.

La première édition de cet ouvrage était donc devenue obsolète par certains aspects car, en science, « ce qui est vrai un jour n’est pas vrai toujours ». Il était, par conséquent, nécessaire d’apporter des corrections et de procéder à une mise à jour afin d’y faire figurer les dernières connaissances.

Quelles nouveautés techniques ont permis ces avancées ?

La virologie moléculaire permet de mieux connaître les virus et leurs interactions avec les organismes, donc d’approfondir les connaissances relatives aux maladies. Le diagnostic est lui aussi révolutionné, notamment grâce aux apports de la polymerase chain reaction (PCR).

Le séquençage de nouvelle génération, quant à lui, a permis, ces deux ou trois dernières années, d’identifier de nouveaux virus et de préciser leur présence dans les échantillons. Cette méthode a notamment fourni de nombreuses informations sur la présence de virus dans des contextes de maladies ou chez des animaux en bonne santé.

L’ouvrage bénéficie de cette puissance d’analyse technologique et présente l’information de manière compréhensible au praticien. La virologie clinique est l’interface entre la virologie et la clinique, avec l’objectif de rendre service au vétérinaire. Il importait donc de dégager, parmi l’ensemble des données scientifiques, les informations pertinentes pour cet ouvrage.

Comment ce livre peut-il aider le vétérinaire au quotidien ?

Sur la forme, ce manuel pratique est aisé à manipuler, car le praticien peut y entrer de trois façons : selon l’espèce, le système organique infecté ou la maladie en tant que telle (avec son descriptif complet). Afin de faciliter la lecture, une présentation identique est adoptée pour chaque chapitre relatif à une maladie : la description du virus, la maladie, les signes cliniques, le diagnostic, la vaccination. L’ouvrage comporte également des photographies et des tableaux pour permettre au praticien qui observe des lésions chez un animal de s’orienter. Les aspects thérapeutiques sont, en revanche, peu traités, car rares sont les molécules antivirales disponibles.

L’ouvrage consacre aussi un chapitre à la vaccination, chaque fois que cela est pertinent. Ce point essentiel est donc systématiquement traité lorsqu’il existe un vaccin pour la maladie. Ce livre a pour ambition d’amener une prise de conscience chez les vétérinaires sur le fait que la vaccination est un acte certes routinier, mais aussi à raisonner selon l’animal, son mode de vie et la situation épidémiologique.