Les points forts du dernier congrès du Collège américain de chirurgie

Le congrès de l’American College of Veterinary Surgeons (ACVS), qui s’est déroulé en octobre dernier à San Diego (Californie), a permis d’aborder l’utilité des cathéters multifenestrés, la rupture du ligament croisé antérieur ou encore l’otite externe.

Soutien nutritionnel par voie entérale

Matt Beal, de l’École vétérinaire du Michigan, a insisté sur l’importance de la nutrition par voie entérale, plus simple et moins onéreuse que la voie parentérale. Elle permet d’accélérer la cicatrisation, de réduire le taux d’infection et de raccourcir la durée d’hospitalisation. Il semble que la tendance soit au placement de sondes nutritionnelles moins invasives. Ainsi, lorsque cela est possible, les sondes naso-œsophagiennes et œsophagiennes peuvent souvent remplacer celles de gastrotomie et de jéjunostomie.

Cathéters multifenestrés et douleur

Bonnie Kraus, de l’École vétérinaire d’Iowa, a rappelé les indications du cathéter multifenestré dans la lutte contre la douleur. Il permet de déposer un anesthésique local directement au voisinage du site chirurgical, autorisant ainsi une analgésie locorégionale. Les indications du cathéter multifenestré incluent l’amputation d’un membre, la mastectomie et, d’une façon générale, l’exérèse de tumeurs cutanées et sous-cutanées de taille importante. D’autres indications moins courantes incluent la thoracotomie intercostale et la sternotomie.

Physiothérapie après une rupture du ligament croisé antérieur

Debra Canapp, du Veterinary Orthopedic & Sports Medicine Group, dans le Maryland, a décrit la physiothérapie après la chirurgie de la rupture du ligament croisé antérieur. Quatre phases peuvent être décrites.

• Phase aiguë (semaines 1 à 3) : l’objectif est de contrôler l’inflammation, de réduire les effets néfastes de l’immobilisation, de gérer la douleur et de favoriser la cicatrisation. Les techniques employées incluent la cryothérapie, le laser, les exercices actifs et passifs de flexion et d’extension, les étirements et les exercices contrôlés tels qu’une marche courte et lente en laisse.

• Phase intermédiaire (semaines 4 à 6) : lorsque l’amplitude des mouvements et la démarche s’améliorent, l’objectif est d’accroître la mobilité et la proprioception. Les exercices sont plus intensifs que ceux de la première phase, afin d’augmenter la force musculaire et l’endurance.

• Phase de musculation (semaines 7 à 11) : à ce stade, l’amplitude des mouvements devrait être optimale et non douloureuse. La masse musculaire devrait avoisiner 70 % de la normale. Les techniques de musculation incluent la marche sur un plan incliné, des surfaces non uniformes et un tapis roulant aquatique.

• Retour à une activité normale (semaine 12) : l’animal devrait avoir un usage normal du membre, sans douleur.

À ce stade, l’agility et d’autres exercices peuvent être réintroduits progressivement, jusqu’à ce que le chien atteigne son potentiel maximal.

Otite externe : particularités du cocker

Krista Gazzola¹, de l’École vétérinaire du Michigan, a présenté un poster sur l’otite externe du cocker spaniel. Cette affection se manifeste chez cette race par une inflammation tissulaire plus sévère. De plus, le cocker présente plus de glandes cérumineuses. Ces différences pourraient expliquer l’échec répété du traitement médical, et le besoin plus fréquent de recourir à l’ablation totale du canal auditif chez cette race.

Les auteurs ont comparé le succès du traitement de 57 cockers. Un tiers (35 %) reçoit un traitement médical tandis que deux tiers (65 %) requièrent une ablation totale du canal auditif.

L’analyse des résultats suggère les conclusions suivantes :

• les cockers traités chirurgicalement sont plus sévèrement atteints. En particulier, la sténose du canal auditif est plus fréquente ;

• les cockers traités par chirurgie ont eu moins d’examens complémentaires que leurs congénères ;

• le succès du traitement chirurgical est supérieur à celui du traitement médical, même s’il est moindre lorsque la cause sous-jacente est une allergie alimentaire.

Les auteurs proposent les conclusions suivantes :

• le cocker devrait recevoir plus d’examens complémentaires, et plus précocement, que les autres races ;

• même si le traitement médical a peu de chances de succès chez cette race, il devrait d’emblée être plus agressif si c’est l’option choisie ;

• l’ablation totale du canal auditif devrait être recommandée plus tôt chez le cocker.

Gastropexie associée à une gastrotomie

Sarah Round², du Veterinary Specialty and Emergency Center, en Pennsylvanie, a présenté un poster sur la gastropexie prophylactique au site d’une gastrotomie réalisée, par exemple, pour retirer un corps étranger gastrique. Intuitivement, une infection ou une abcédation du site de gastropexie secondaires à une contamination de l’incision de gastrotomie pourraient être redoutées. En réalité, sur 21 chiens étudiés, dont 19 sont suivis à long terme, aucune complication n’est notée. Les auteurs en concluent que la combinaison des deux temps chirurgicaux est possible, ce qui permet de gagner du temps.

• 1 Gazzola K. et coll. Evaluation of chronic otitis externa in the cocker spaniel: 57 cases (2000-2012). Poster présenté au congrès de l’ACVS 2014.

• 2 Round S. et coll. Prophylactic gastropexy incorporating a gastrotomy incision in dogs: a retrospective study of 21 cases. Poster présenté au congrès de l’ACVS 2014.