En qualité de chef d’entreprise, quelles sont vos principales sources de stress ?

L’absence de lisibilité dans notre profession

LAURENT DEFFREIX (T 87)

Praticien en élevage hors-sol à Amou (Landes).

Dans notre structure (volailles, bovins et petits animaux), le principal motif de stress résulte du manque de lisibilité des mesures réglementaires. Notamment pour ce qui concerne la libéralisation du marché du médicament. Nous avons la responsabilité d’une vingtaine de salariés et nous sommes à la merci de changements qui pourraient déstabiliser notre organisation. Cela a de quoi provoquer chez nous quelques insomnies ! Celles-ci peuvent être également le fait de notre taille. Nous ne sommes plus un petit cabinet pouvant gérer de façon paternaliste, ni tout à fait une structure capable d’avoir des emplois spécialisés en back office. C’est pourtant notre projet à terme. Nous sommes bien conscients des limites de nos compétences sur des questions concernant le contrat de travail, la convention collective, etc. L’idéal serait pour nous d’avoir un manager administratif prenant en charge ces aspects qui finissent par entraver lourdement notre exercice de praticien. Notre appartenance au réseau Cristal constitue déjà un début de réponse. Beaucoup de missions de back office sont ainsi mutualisées par le biais de RC services : formation, management, etc.

Atteindre le résultat comptable escompté

JEAN-JACQUES BERGER (L 82)

Praticien équin à Charolles (Saône-et-Loire).

Notre première source de stress concerne le résultat comptable de notre clinique en fin d’année. Il varie en effet sans que nous parvenions toujours à en identifier les raisons. Pourquoi 200 césariennes au lieu de 100 d’une année sur l’autre ? Les charges, quant à elles, sont loin de diminuer ! La capacité à assumer physiquement son métier peut constituer une autre source d’inquiétude pour un praticien en rurale. L’accident ou la maladie sont de nature à perturber la bonne marche de l’entreprise. Nous exerçons un métier à risque. J’ai moi-même dû être arrêté pendant trois mois, après m’être cassé le bras lors d’une fouille de jument. Certes, notre structure, avec quatre associés et quatre vétérinaires salariés, est assez solide pour absorber un tel coup dur. Encore faut-il qu’il ne se produise pas en période d’activité maximale pour la clinique ! Il n’est pas toujours facile de trouver des remplaçants. C’est encore pire, du reste, lorsque l’on cherche un confrère voulant s’associer. Certains sont amenés à laisser leur clientèle lors de leur départ à la retraite. C’est décevant, même si, hélas, on a le temps de se faire une raison bien des années auparavant !

Réussir notre recrutement

FLORIAN GRANCHI (LIÈGE 03)

Praticien mixte à Saint-Grégoire (Ille-et-Vilaine).

La gestion de l’entreprise, dont nous ne sommes pas des experts, est une source permanente de stress. Heureusement, même s’il ne disparaît jamais tout à fait, il finit par s’estomper avec l’expérience. C’est moins le cas pour les recrutements. Il faut du temps à un nouvel embauché pour qu’il s’intègre dans une équipe. Un échec, pour diverses raisons, pénalise fatalement la dynamique de la clinique. Et donc sa croissance. Nous sommes d’autant plus attachés à ce que règne une bonne entente au sein de la structure que nous avons séparé les activités rurale, équine et canine. Notre souhait est de préserver notre bonne cohésion globale. Autre motif de stress, notre objectif de nous déprendre des médicaments d’ici sept ou huit ans. Nous travaillons à développer nos actes, à renforcer l’activité de suivi d’élevage, la gestion de l’alimentation, de la reproduction dans les élevages. Le stress provient de notre impatience à voir le changement s’opérer. Nos clients éleveurs laitiers ne sont pas dans l’euphorie. Ils rationalisent le plus possible leurs frais de fonctionnement, dans lesquels le poste vétérinaire est de ceux qui sont pointés en priorité.