INTOXICATIONS : LES STATISTIQUES DU CNITV DE MARCY-L’ÉTOILE - La Semaine Vétérinaire n° 1644 du 02/10/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1644 du 02/10/2015

Dossier

Auteur(s) : Lorenza Richard

Les centres antipoison vétérinaires sont hébergés par chacune des quatre écoles françaises. Ils répondent aux demandes concernant les intoxications chez les animaux, mais pas seulement. Fréquence et motifs des appels, espèces concernées, etc. : les données récoltées entre 2008 et 2014 par le Centre national d’informations toxicologiques vétérinaires (CNITV) de Marcy-l’Étoile ont parlé.

Le Centre national d’informations toxicologiques vétérinaires (CNITV) de Marcy-l’Étoile (Rhône-Alpes), qui a une audience nationale, reçoit plus de 15 000 appels téléphoniques par an concernant des intoxications d’animaux, 24 h/24 et tous les jours. Ce chiffre augmente chaque année depuis la création de l’association en 1976. Toutes les demandes sont enregistrées sur la base de données V-Tox, spécifique au CNITV et inaugurée en 1984.

Cette étude a porté sur les données reçues et enregistrées entre le 1er janvier 2008 et le 31 décembre 2014, soit un total de 109 684 appels en sept ans.

Appelants : trop de particuliers

Les vétérinaires sont les plus nombreux à contacter le CNITV installé sur le site de VetAgro Sup. Ils représentent en moyenne 69,6 % des appelants, pour 28,8 % de propriétaires d’animaux. Toutefois, le taux de particuliers augmente d’environ 1 % par an, étant passé de 25 % en 2008 à 31 % en 2014. Or, pour Stéphane Queffélec, président du CNITV, cela peut poser problème. En effet, si l’intoxication est grave et qu’un traitement doit être administré, il est préférable que les conseils soient donnés au praticien qui suit l’animal, plutôt qu’au propriétaire.

Parmi les autres demandeurs (1,6 % du total), les écoles vétérinaires (essentiellement leurs services d’urgences) sont majoritaires, suivies par les laboratoires vétérinaires départementaux, pour des demandes concernant les analyses, puis par les pharmaciens et les médecins, dans le cadre d’expositions asymptomatiques aux médicaments vétérinaires. Les centres antipoison humain contactent également le centre, plus rarement, en cas d’exposition d’une personne à des médicaments vétérinaires pour lesquels ils ne disposent pas de données.

Nombre d’appels

Le nombre d’appels augmente chaque année. Il est passé de 13 629 en 20081 à près de 18 000 en 2013 et 2014.

La nette progression depuis 2013 est liée à la gestion des demandes pour des cas asymptomatiques d’exposition d’animaux ou de personnes à des médicaments vétérinaires. Cela représente 1 260 appels en 2014. Cette mission incombait jusqu’alors à l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV), au sein de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), mais elle est désormais prise en charge par le CNITV.

Enfin doivent être ajoutés les appels qui concernent les cas de pharmacovigilance vétérinaire (surveillance des effets indésirables des médicaments), activité pour laquelle le CNITV assure, sans aide financière publique, la permanence pour le Centre de pharmacovigilance vétérinaire de Lyon (CPVL) en dehors des horaires de bureau (même numéro de téléphone). Le centre de Marcy-l’Étoile a ainsi pris en charge le traitement initial de 40 % de ces appels en 2014.

Origine des appels

Les appels proviennent de toute la France, avec une prédominance du Rhône, de la région Rhône-Alpes en général et des départements limitrophes du Rhône. Viennent ensuite les échanges avec le sud-est de la France (surtout les Bouches-du-Rhône), l’Île-de-France, le Nord (Haute-Normandie, Pas-de-Calais, Picardie), le nord de l’Alsace et de la Lorraine, et enfin l’Aquitaine (essentiellement la Gironde). Les demandes en provenance des DOM-TOM représentent 0,7 % des 109 684 appels, tandis que celles adressées depuis l’étranger, 0,3 %.

Répartition des appels

Aucune saisonnalité n’est notée : les appels se répartissent assez équitablement tout au long de l’année (entre 8 et 8,5 % par mois). Une très légère diminution est observée en février (7,2 % du total des requêtes) et une légère augmentation au printemps (avril et mai, 9 %), mais sans qu’elles soient réellement significatives.

Le lundi est le jour le plus chargé de la semaine, et les appels sont moins nombreux le week-end, bien que leur nombre reste important (22,3 % du total des requêtes, dont 9,2 % le dimanche).

Les appels sont reçus à toute heure de la journée. Plus nombreux le matin de 9 à 12 h et l’après-midi de 14 à 19 h, avec des pics vers 10 et 18 h, ils correspondent aux horaires d’ouverture des cliniques vétérinaires. Toutefois, les demandes se poursuivent en soirée (15 % sont réceptionnées entre 20 et 23 h) et durant la nuit (3,6 % entre minuit et 7 h).

Motifs des appels

Près des trois quarts des appels concernent une demande de conseils pour le traitement d’une intoxication et 19,1 % d’entre eux, une aide au diagnostic lors d’une hypothèse d’intoxication. Les demandes de renseignements, qui surviennent avant l’exposition de l’animal au toxique (personne qui souhaite utiliser un herbicide et se renseigne sur sa toxicité pour son animal avant de l’utiliser, par exemple), sont plus rares (5,5 %). Suivent les questions concernant les prélèvements à effectuer et les laboratoires auxquels les envoyer pour confirmer une suspicion d’intoxication (1,8 %). Enfin, l’avis du CNITV dans des dossiers d’expertise pour les assurances (cas de bovins retrouvés morts, par exemple) ou des renseignements concernant des résidus dans les produits devant être consommés (résidus d’insecticides dans le lait ou d’anticoagulants dans les œufs, par exemple) sont également requis.

Espèces concernées

Le chien arrive largement en tête des animaux sur lesquels portent les demandes (69,6 % du total des appels). Il est suivi du chat (22,1 %). La prédominance du chien et du chat est historique, en raison notamment de la plus grande surveillance d’un animal unique et vivant dans le foyer. Aucune évolution n’est notée concernant la répartition des appels par espèces. Les équins regroupent les chevaux et les ânes, mais ces derniers représentent une faible proportion. Parmi les ruminants, les bovins sont largement prédominants (1 806 cas environ, contre 498 pour les ovins et 620 pour les caprins). Un nombre d’appels équivalent est reçu pour chacun des quatre nouveaux animaux de compagnie (NAC) regroupés pour l’étude (furet, cobaye, hamster et rat). Les autres espèces (3 %) sont très variées : faune sauvage, autres NAC, animaux de basse-cour, etc.

Les cas humains augmentent en raison de la prise en charge des intoxications humaines asymptomatiques par des médicaments vétérinaires depuis 2013. De plus, des vétérinaires ont le réflexe de téléphoner au CNITV lors d’exposition de personnes aux médicaments vétérinaires : les informations sont délivrées mais les cas sont réorientés vers un centre antipoison humain ou le Samu, selon la gravité de l’intoxication.

Intoxications le plus souvent à l’origine d’un appel

Les intoxications par les pesticides et les médicaments arrivent en tête, toutes espèces animales confondues.

– Pesticides : les pesticides destinés à la destruction des nuisibles sont les plus représentés (62,4 %). Ils sont constitués pour 65 % d’entre eux d’anticoagulants. Ces derniers sont la première raison des appels pour les chiens (13,3 %) et les chevaux (10,5 %). Ils représentent la troisième cause d’appels pour intoxication chez le chat, les NAC et les ruminants. Toutefois, chez le cheval, les herbicides sont la deuxième cause d’appels, ce qui monte le nombre total de demandes liées aux pesticides à 26 % des causes d’intoxication dans cette espèce. Les herbicides sont la première cause d’appels chez les bovins (près de 15 % pour cette espèce), les fongicides étant le quatrième motif.

– Médicaments : le nombre de demandes concernant les médicaments augmente de façon importante. Ainsi, entre 2008 et 2014, les proportions d’appels pour des intoxications aux pesticides et aux médicaments se sont inversées. Alors qu’historiquement, les pesticides tenaient le haut du pavé, ils ont été détrônés en 2013, en raison de la prise en charge des appels concernant les médicaments auxquels hommes et animaux se sont exposés de manière asymptomatique, mission qui incombait auparavant à l’ANMV. Cela explique que les médicaments au sens large soient devenus le premier motif d’appels, toutes espèces confondues. Enfin, parmi les médicaments humains, le baclofène, un myorelaxant, constitue un exemple de ceux qui génèrent de plus en plus de demandes au CNITV.

– Polluants : les polluants représentent la première cause d’appels chez le chat (10,6 %), surtout les hydrocarbures, puis les caustiques et les détergents. Sur les 18 591 appels reçus en sept ans qui se rapportent aux polluants, 3 681 concernent les caustiques ou des détergents, et 2 612 des hydrocarbures. Les détergents sont la seconde cause d’intoxication chez les rongeurs de compagnie et la cinquième chez le chien, mais les polluants ne font pas partie du top 10 chez les chevaux ni chez les ruminants.

– Les plantes arrivent en quatrième position des demandes, en raison de leur proportion importante chez les herbivores. Toutefois, le laurier-rose est la première cause d’intoxication chez les NAC (10,5 % des appels pour ces espèces), et le ficus, la huitième. Le lis fait également partie du top 10 chez le chat.

– Aliments : le chocolat représente près de 70 % des appels qui concernent un aliment. Cette proportion s’explique par sa fréquence chez le chien (deuxième cause d’appels dans cette espèce) et les NAC (quatrième cause). L’intoxication par la pomme de terre est fréquente chez les NAC.

– Les intoxications par les animaux concernent les envenimations ou autres piqûres d’insectes.

– La cause “maladie” regroupe les pathologies non toxiques, dont les symptômes ne sont pas évocateurs d’une intoxication.

– Les agents physiques regroupent les corps étrangers et les accidents physiques (fracture ou blessure à la suite d’une collision avec un objet, par exemple).

  • 1 L’analyse de statistiques est réalisée à partir de 2008, année à partir de laquelle les données sont saisies directement et totalement sous format électronique et où la base est complète.

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