L’écotourisme menace le requin-baleine

Dans les années 1980, le requin-baleine était chassé aux Philippines (au moins 627 spécimens ont été tués en sept ans dans la mer de Bohol). En 1998, changement de cap, le pays est l’un des premiers à protéger l’espèce. Les pêcheurs font aussi une découverte : ils s’aperçoivent que les crevettes qu’ils utilisent comme appâts attirent les requins-baleines. Cette méthode va alors être utilisée pour les éloigner des bateaux de pêche, mais également exploitée par un centre de plongée pour les attirer vers ses clients.

Le tourisme explose en 2011, après la publication d’un article du Daily Mail illustré par un homme à cheval sur un requin-baleine. Au début, la réglementation est inexistante et l’observation dangereuse, à la fois pour les visiteurs et pour les animaux. La situation a évolué depuis, et la nourriture, les interactions et les horaires sont encadrés.

Un certain nombre de complications demeurent cependant. L’observation des requins-baleines à Oslob, par l’organisation non gouvernementale Physalus, a permis de relever quatre impacts négatifs majeurs de l’écotourisme : les contacts avec les animaux (en 64 heures, les requins ont été touchés 1 823 fois, la plupart du temps par les nourrisseurs qui tentent de les repousser), la modification de comportement et les blessures (“bateau” et “homme” étant synonymes de nourriture pour les requins d’Oslob, ils se mettent en danger hors des aires protégées), le changement de migration (l’espèce migre en fonction des saisons et de la richesse des eaux en plancton ; le nourrissage par les pêcheurs fixe cependant les requins-baleines sur le site, ce qui pourrait altérer leur reproduction, qui dépend des cycles migratoires) et l’équilibre alimentaire (les pêcheurs distribuent une nourriture de qualité nutritionnelle très inférieure à celle du plancton naturel d’Oslob, qui comprend 12 espèces différentes d’organismes).