Décryptage
Auteur(s) : Lorenza Richard
En plus d’être des services d’information concernant les intoxications, les centres antipoison contribuent à l’avancée des connaissances en toxicologie et s’engagent pour l’environnement.
En 1976, le professeur Lorgue a créé le Centre national d’informations toxicologiques vétérinaires (CNITV) sur le campus de Marcy-l’Étoile, afin de répondre aux demandes concernant les intoxications animales. En 1991, il a proposé aux trois autres écoles d’ouvrir elles aussi un centre antipoison vétérinaire, semblable à la structure fondatrice. Toutes ont répondu favorablement. Actuellement, deux centres restent actifs 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 : le CNITV à Lyon et le Centre antipoison animal et environnemental de l’Ouest (Capae-Ouest) à Nantes.
Les deux centres travaillent dans un même esprit de service destiné à la profession vétérinaire pour toute demande de conseil, de renseignement ou d’aide au diagnostic lors d’intoxication ou de risque d’intoxication animale. Les appels proviennent de toute la France. Ceux qui sont reçus par le CNITV viennent essentiellement de la région Rhône-Alpes, puis du sud de la France, et enfin du Nord et du Nord-Est. Nantes reçoit davantage de demandes provenant du Centre et de l’Ouest.
Tous les appels, traités gratuitement, sont enregistrés dans des logiciels spécifiques. Pour les deux centres, les demandes sont prédominantes pour le chien, puis le chat, et sont en forte augmentation concernant des médicaments humains chez les animaux de compagnie.
Le CNITV assure également la permanence pour le Centre de pharmacovigilance vétérinaire de Lyon (CPVL) en dehors des horaires de bureau (au même numéro de téléphone).
Le Capae-Ouest développe un service environnemental, afin de répondre aux questions des praticiens en matière de risques toxicologiques sur les écosystèmes.
Enfin, certaines prestations, comme les recherches bibliographiques ou les aides à l’expertise, sont réalisées sur demande et facturées.
Deux vétérinaires salariés travaillent à plein temps au CNITV. Des étudiants volontaires pour assurer le service de garde de nuit sont formés à la réponse téléphonique, à l’utilisation de la base de données de cas et de la documentation spécifique disponibles sur le site. La permanence du Capae est assurée par les enseignants en toxicologie et des étudiants en thèse en journée, et par des étudiants de troisième et quatrième années la nuit. Les enseignants en pharmacologie peuvent aider pour les questions relatives aux médicaments. L’équipe espère employer un vétérinaire contractuel dans l’année à venir. Le CNITV est une association régie par la loi du 4 juillet 1901 et le Capae fait partie de l’unité pharmacologie-toxicologie d’Oniris. Ils sont hébergés sur les sites des écoles mais ne reçoivent aucune subvention publique. Les fonds qui leur permettent de fonctionner, notamment de rémunérer les intervenants non enseignants, proviennent de la cotisation annuelle des vétérinaires. Celle-ci, déductible des impôts, est de 90 € par clinique pour le CNITV et de 50, 100 ou 150 € par personne ou par clinique pour le Capae.
La collecte des observations de terrain dans une base de données, puis leur analyse enrichissent la documentation en toxicologie clinique vétérinaire, utilisée en retour pour renseigner les praticiens. Au Capae, ces remontées de terrain sont l’objet de plusieurs thèses dont l’objectif est de faire avancer les connaissances en toxicologie vétérinaire et environnementale.
En plus de la formation des étudiants, les centres antipoison contribuent à la formation des vétérinaires et autres professionnels, ainsi qu’à l’information du plus grand nombre par la publication d’articles dans des revues spécialisées ou grand public. Ils participent également à des congrès vétérinaires ou scientifiques en intervenant sur des sujets touchant à la toxicologie.
• En 2014, le CNITV, avec des praticiens et des associations telles que la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), a alerté l’Agence européenne des médicaments (EMA) sur la délivrance d’une autorisation de mise sur le marché en Europe de médicaments vétérinaires à base de diclofénac, destinés aux ruminants. Cet anti-inflammatoire non stéroïdien a causé, en moins de 10 ans, un effondrement de 95 % de la population de vautours du continent indien, qui se sont nourris des cadavres de ruminants traités. La Commission européenne a demandé un arbitrage urgent à l’EMA. L’avis, rendu en décembre 2014, reconnaît le risque toxique et fournit des mesures de gestion.
Le CNITV participe à un projet européen de conservation du gypaète barbu, Life GypConnect. Dans ce cadre, il réalisera, entre 2015 et 2021, des expertises toxicologiques, des formations (encadrement de thèses) et des actions de communication.
• La plateforme environnementale vétérinaire d’Oniris regroupe depuis 2009 le Capae-Ouest, le Centre vétérinaire de la faune sauvage et des écosystèmes des Pays de la Loire (CVFSE) et le Centre abeille domestique (CAD). Son objectif est de développer la recherche en matière d’évaluation des risques infectieux et chimiques pour l’environnement, et de contribuer à l’avancée des connaissances sur l’environnement. Elle publie, depuis mars 2015, un bulletin trimestriel qui présente ses actions. Enfin, la plateforme propose aux vétérinaires :
– depuis 2005, une formation continue en apiculture et pathologie apicole afin de réaliser un maillage du territoire en compétences sanitaires apicoles ;
– depuis 2013, la formation Certifaune (certificat de formation supérieure vétérinaire à la réhabilitation de la faune sauvage européenne autochtone), afin d’aborder tous les aspects liés à la prise en charge médicale et à l’hospitalisation d’animaux sauvages.
Les deux centres ont participé à la veille sanitaire des épandages de boues d’épuration urbaines ces dix dernières années. La cellule est réactivée au CNITV depuis septembre 2014. Appels reçus dans ce cadre au CNITV entrant dans le champ de compétences de la cellule de veille sanitaire : un cas de cysticercose bovine en Aveyron n’ayant pas entraîné de saisie et deux cas de cysticercose bovine dans le Doubs, l’un ayant entraîné une saisie complète et l’autre une saisie partielle de la carcasse.
Le CNITV a communiqué auprès des confrères praticiens sur cette veille sanitaire1, et distribué une plaquette d’information sur son fonctionnement et ses objectifs auprès des départements et des chambres d’agriculture. Il a également rédigé un questionnaire destiné à tous les laboratoires vétérinaires départementaux, afin de pouvoir orienter rapidement les appelants vers celui qui peut réaliser les analyses d’intérêt.
1 Lire La Semaine Vétérinaire n° 1616 du 6/2/2015, pages 42 et 43. Adamczyk E., Tavernier L., Queffélec S. Réactivation de la cellule de veille sanitaire vétérinaire des boues d’épuration urbaines.
Le centre antipoison de l’école vétérinaire d’Alfort a fermé ses portes en 2000. Les enseignants-chercheurs de l’unité pédagogique de pharmacie-toxicologie restent joignables par mail, dans le cadre de leur activité, pour des questions, notamment, de toxicologie et d’antibiothérapie : capaa@vet-alfort.fr.
• Capae-Ouest Unité de pharmacologie et toxicologie
Oniris La Chantrerie BP 40706
44307 Nantes Cedex 03
02 40 68 77 40 – capaeouest@oniris-nantes.fr
L’activité du Centre antipoison animal de Toulouse (Capat) était en relation avec la formation des étudiants et associait les demandes à des analyses réalisées dans le laboratoire de toxicologie. Elle cessera en décembre 2015, en raison du départ en retraite du personnel technique. Seules les activités en lien avec les mycotoxines sont maintenues : veille et surveillance des accidents mycotoxiques en élevage et recherche de mycotoxines sur demande, avant envoi de prélèvement, au 05 61 19 39 40.
• CNITV
1, avenue Bourgelat
69280 Marcy-l’Étoile
04 78 87 10 40 – cnitv@vetagro-sup.fr
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