Les atteintes du jabot chez les perroquets - La Semaine Vétérinaire n° 1650 du 13/11/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1650 du 13/11/2015

SYNTHÈSE

Pratique canine

FORMATION

Auteur(s) : Adeline Linsart

Fonctions : Praticienne au CHV Saint-Martin à Saint-Martin-Bellevue (Haute-Savoie).

Le rôle du jabot est le stockage de la?nourriture. Lorsqu’il en est empli, il devient penduleux et sensible au moindre traumatisme (morsure par un prédateur, corps étranger, technique de gavage inappropriée). Chez les jeunes oiseaux, le jabot est encore très fragile. Il est facilement abîmé par l’utilisation brutale d’une sonde métallique ou par l’administration d’aliments de gavage trop chauds.

Diagnostic des lésions du jabot

Lors de l’examen clinique, le jabot doit être palpé de façon minutieuse et délicate, afin de ne pas provoquer de régurgitations chez l’oiseau débilité. La consistance de son contenu, la présence d’éléments durs et hétérogènes, l’épaisseur et la régularité des parois et l’inconfort de l’oiseau durant la palpation sont estimés. La paroi du jabot, très fine, ne peut normalement pas être distinguée de la peau lors de l’examen. Si le contenu du jabot est pâteux, une stase est à craindre. Un lavage de l’organe et une analyse cytologique du produit aspiré sont alors recommandés.

• Les épaississements de la paroi du jabot peuvent être provoqués par des proliférations fongiques, bactériennes ou parasitaires telles que la trichomonose (chez la perruche ondulée, par exemple) et des néoplasies. Le lavage du jabot et la cytologie sont les examens à privilégier en première intention.

• Les brûlures du jabot se présentent le plus souvent sous la forme d’une fistule et concernent les jeunes au nid, élevés à la main, et surviennent lorsqu’ils sont nourris avec des aliments trop chauds (> 43 °C) ou réchauffés au four à micro-ondes et non mélangés (alternance de zones très chaudes et très froides dans la bouillie de gavage). Parfois, elles sont présentées à un stade plus précoce, où seuls un érythème, un œdème ou une décoloration sont visibles. Des morsures peuvent également entraîner une fistule.

• La perforation du jabot est aussi possible mécaniquement, lors de nourrissage par sondage, notamment lors de l’emploi de sondes métalliques. L’instrument perfore l’œsophage ou le jabot, et les aliments se retrouvent en position sous-cutanée, à l’origine d’une infection sévère si elle n’est pas prise en charge à temps. Le plus souvent, la déchirure n’est pas observée immédiatement, mais après quelques jours, lorsque l’accumulation sous-cutanée nauséabonde de nourriture commence à entraîner des signes locaux, voire généraux. Ces perroquets peuvent être très débilités par le relargage de toxines.

• La nécrose du jabot, aboutissant au même tableau clinique que celui d’une fistule, est également possible chez des perroquets adultes ou non élevés à la main, lors de l’ingestion de substances caustiques ou irritantes.

Traitement

• Des brûlures

Le traitement immédiat, si le soigneur s’aperçoit qu’il a gavé l’animal avec un aliment trop chaud, est de réaspirer le contenu du jabot et d’administrer un liquide froid à la place. En pratique, l’oiseau est généralement présenté avec une stase du jabot, et éventuellement une zone de plumes souillées en regard de celui-ci (dans ce cas, 3 à 5 jours après l’incident). Tant que la zone nécrotique n’est pas clairement identifiable, il convient de différer la chirurgie. À l’apparition du sillon disjoncteur, la chirurgie est réalisée en zone saine. Cette affection est douloureuse, des proliférations fongiques et bactériennes sont probables, du fait de la stase du jabot, et une déshydratation-malnutrition s’installe. Il est essentiel de mettre en place un traitement de soutien de l’organisme : une analgésie (telle que méloxicam 0,3 mg/kg/12 heures par voie intramusculaire [IM] et butorphanol 1 mg/kg/4 heures), des mesures nutritionnelles (de nombreux petits repas fractionnés), une réhydratation, une prévention des infections fongiques et bactériennes secondaires (administration de nystatine ou d’amoxicilline – acide clavulanique 125 mg/kg/12 heures IM, selon les résultats de l’écouvillonnage du jabot) et un nettoyage de la fistule. Une sonde de pharyngostomie peut être nécessaire pour les oiseaux les plus débilités. Généralement, les animaux conservent un bon état général, bien que certains puissent perdre du poids.

Durant la chirurgie, il est essentiel de bien distinguer la paroi du jabot de la peau, car celles-ci sont adhérentes, du fait de la nécrose des tissus. Une fois la paroi du jabot bien individualisée, elle est suturée à l’aide d’un surjet perforant puis enfouissant avec un monofilament synthétique résorbable de décimale 0,7 à 1,5, selon la taille de l’oiseau. Une suture cutanée séparée est ensuite effectuée.

• Des perforations

Après l’instauration d’un traitement médical de soutien (fluidothérapie intraveineuse, antibiothérapie, antifongiques, analgésie), une anesthésie générale est indispensable pour explorer la zone abîmée et procéder à la réparation de l’œsophage ou du jabot. La plaie peut être laissée ouverte afin de permettre l’évacuation des débris sous-cutanés. Il est possible de programmer une seconde anesthésie quelques jours plus tard pour suturer la peau, une fois le site bien débridé et l’infection contrôlée. Une sonde de pharyngostomie est recommandée afin de faciliter la couverture des besoins nutritionnels en période pré- et postopératoire.

Bibliographie

  • Ritchie B. W., Harrison G. J., Harrison L. R. Avian medicine : principles and applications. Wingers publishing. 1994;1 384 p.
  • Harcourt-Brown N., Chitty J. Manual of psittacine birds. BSAVA. 2005;320p.

NE PAS ADOPTER DES PERROQUETS NON SEVRÉS

Certains éleveurs peu scrupuleux vendent des oiseaux élevés à la main, mais non sevrés, sous prétexte que l’attachement de l’oiseau à son nouveau propriétaire sera ainsi plus fort : c’est bien entendu faux ! Le sevrage est un processus progressif qui s’échelonne sur plusieurs semaines à mois, selon les espèces, et qui comprend le sevrage affectif et alimentaire. Ce dernier débute à un âge variable selon l’espèce de perroquet (en général vers 3?mois chez les cacatoès). Le sevrage est une période délicate pendant laquelle l’oiseau va physiologiquement perdre du poids : il faut le peser quotidiennement et adapter le nombre de repas et les volumes de nourriture proposés, puis introduire l’alimentation sèche adulte (extrudés, graines). Cette phase délicate doit donc être encadrée par des professionnels expérimentés, qui sauront adapter les volumes de repas afin de favoriser la consommation alimentaire spontanée de l’oiseau. Adopter un oiseau non sevré, c’est s’engager dans une délicate phase d’attachement et de sevrage à mener, au moment où l’oiseau connaît de nombreux bouleversements (socialisation, éducation), qui auront des répercussions non négligeables sur sa vie future (picage, anxiété, hyperattachement).

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