UNE VIE DE CHIEN

Sandrine, la jolie trentaine, sans emploi depuis huit mois, retourne à Roubaix chez sa mère et accepte de travailler pour son oncle, propriétaire d’un élevage canin qui, en fait, revend des chiots des pays de l’Est acquis clandestinement en Belgique. Dans ce milieu interlope et viril, la jeune femme va non seulement apprendre à se faire respecter mais monte son propre trafic parallèle. Jusqu’à ce que le petit soldat trébuche…

Selon le World Wildlife Fund (WWF), le trafic d’animaux domestiques ou sauvages rapporterait 15 milliards d’euros par an, ce qui le placerait au troisième rang mondial des commerces illicites, après la drogue et les armes. En France, où seuls 150 000 des 600 000 chiens vendus chaque année proviendraient d’un élevage déclaré, les importations illégales restent monnaie courante. Cette triste réalité d’aujourd’hui, dont tout praticien est le témoin, constitue moins le sujet du film que son matériau. Décrite de manière crue, elle fait écho à l’extrême violence des parcours de vie des personnages. Sandrine n’a pas vraiment d’autre choix que de collaborer sans état d’âme à ce business sans pitié, où l’on vend les chiots au kilo. Allégorie de la cruauté contemporaine dont l’héroïne va finalement parvenir à s’affranchir – grâce notamment au soutien d’un vétérinaire trouble (complice) et troublé (épris) – le récit, solidement écrit, sobrement cadré et valeureusement porté par Louise Bourgoin, dénonce le réel, qu’il exploite plus efficacement que ne le ferait un plaidoyer animaliste.

Je suis un soldat de Laurent Larivière, avec Louise Bourgoin, Jean-Hugues Anglade, Anne Benoît, Laurent Capelluto, France, 1 h 37, sortie le 18 novembre 2015.