La kétamine à nouveau examinée par l’OMS

La kétamine est déjà classée comme stupéfiant, à l’exception des préparations injectables, considérées comme des substances vénéneuses. Le comité d’experts de la pharmacodépendance (Expert Committee on Drug Dependence ou ECDD) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a examiné, à Genève (Suisse), du 16 au 20 novembre, les substances à fort risque de dépendance, dont la kétamine. Ses recommandations au secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) sont attendues¹.

Un débat qui ne date pas d’hier

Ces recommandations pourraient fortement influencer l’ONU qui avait décidé, en mars dernier, de reporter le débat sur le contrôle international de la kétamine. Il s’agissait pour l’organisation d’inscrire ou non la substance sur l’annexe I de la convention de 1971, qui encadre les substances psychotropes. Les associations vétérinaires internationales, la World Veterinary Association (WVA), l’American Veterinary Medical Association (AVMA) et la Federation of Veterinarians of Europe (FVE), s’étaient, à l’époque, fortement mobilisées afin que la kétamine ne soit pas mise sous contrôle international.

Elles redoutaient, en effet, que ce classement ne permette plus aux praticiens d’avoir accès à cette substance largement utilisée en médecine vétérinaire en tant qu’anesthésique.

La FVE toujours mobilisée

À l’approche des débats de l’ECDD, la FVE a fait savoir aux experts de l’OMS que les praticiens restent opposés à une restriction de l’usage de la kétamine. Dans un courrier² adressé aux membres du comité fin octobre, la FVE rappelle que « la kétamine est un anesthésique essentiel pour petits et grands animaux domestiques, animaux de compagnie communs et exotiques, chevaux, animaux de laboratoire, y compris pour les primates, les animaux sauvages et de zoo. » La fédération craint, en effet, une indisponibilité de ce produit, qui a prouvé son efficacité en médecine vétérinaire. Selon elle, cette décision pourrait être néfaste et mettrait en danger la santé et le bien-être des animaux. La FVE ajoute que le comité devrait suivre les avis de l’OMS rendus en 2006, 2012 et 2014 dans le cadre de la convention de 1971, qui avaient déjà conclu que « l’abus de kétamine ne lui semblait pas poser de risque à l’échelle mondiale pour justifier une mise sous contrôle international »³. Enfin, la fédération rappelle que des obligations, telles que la détention sous clé, pèsent sur la plupart des praticiens des pays européens et sont suffisantes pour prévenir les abus.

• 1 À l’heure où nous mettions sous presse, ces recommandations n’avaient pas été publiées.

• 2 http://bit.ly/1N94kIv.

• 3 Voir La Semaine Vétérinaire nos 1627 et 1628 des 24/4 et 1^er/5/2015 : http://bit.ly/1SVONuu.