Emmanuel Bensignor : « La WAVD œuvre pour une vision globale de la dermatologie au niveau mondial »

Pourquoi une association mondiale de dermatologie ?

Un constat a donné lieu à la création de l’association : il existait des congrès de dermatologie vétérinaire nationaux, et d’autres internationaux, mais limités à l’Europe et à l’Amérique du Nord. L’objectif de l’association, à but non lucratif, a initialement été d’organiser, tous les quatre ans, un congrès regroupant les principales organisations de dermatologie vétérinaire afin d’harmoniser la formation au niveau mondial et d’apporter localement les nouveautés dermatologiques. L’Association mondiale de dermatologie vétérinaire (WAVD) se finance seule, sans aucune aide extérieure, ce qui garantit son indépendance et son impartialité.

Qui la compose ?

Elle est constituée des principales sociétés savantes mondiales de dermatologie vétérinaire¹. D’autres groupes (le Comité international sur les allergies animales ou Icada, la Société internationale de dermatopathologie vétérinaire et le Groupe global d’éducation de dermatologie vétérinaire) sont des membres associés, qui participent aux activités mais n’ont pas droit de vote. L’objectif est de fédérer et de regrouper ces associations ou groupes pour une vision globale de la dermatologie vétérinaire au niveau mondial.

Quelle place y occupent les Français ?

La France en tant que telle n’intervient pas dans l’association, puisque ce sont des groupes supranationaux qui la composent. Pour l’Europe, les deux membres permanents sont le Collège européen de dermatologie vétérinaire (ECVD) et la Société européenne de dermatologie vétérinaire (ESVD).

Outre l’organisation du congrès mondial, quelles sont ses missions ?

La WAVD soutient le journal Veterinary Dermatology, participe financièrement à la mise en place de projets d’enseignement dans des pays en voie de développement, publie des guides de bonnes pratiques et relaye auprès des vétérinaires généralistes les publications qui ont une valeur indiscutable.

Quelle place la dermatologie française occupe-t-elle sur le plan international ?

La France détient le plus gros contingent de spécialistes en Europe : 18 confrères français sont en effet diplômés du collège européen. Cela a sans doute été possible grâce au dynamisme et au charisme de Didier-Noël Carlotti, l’un des membres fondateurs de cette institution, qui a su développer la discipline en France. Il a incontestablement été un pionnier dans notre pays. Par ailleurs, plusieurs confrères ont occupé des fonctions à des postes de responsabilité dans les institutions internationales : Didier-Noël Carlotti a été président de l’ESVD, de l’ECVD et de la WAVD ; Dominique Héripret a été président de l’ESVD et est actuellement trésorier du collège européen ; pour ma part, j’ai eu l’honneur de présider l’ECVD. Nous sommes actuellement cinq Français membres de l’Icada, ce qui représente l’un des principaux contingents de ce groupe.

Quel intérêt les confrères français portent-ils à la dermatologie ?

Le groupe d’étude en dermatologie des animaux de compagnie (Gedac) a toujours représenté l’un des principaux groupes spécialisés de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac) en termes de nombre d’adhésions : entre 600 et 900 confrères, selon les années, sont membres de ce groupe. Les journées annuelles attirent chaque année entre 100 et 350 vétérinaires. La dermatologie a également su se développer dans les écoles vétérinaires, puisque chacune dispose désormais d’un service de dermatologie animé par un ou deux diplômés du collège européen.

Quelles sont les perspectives pour la dermatologie vétérinaire ?

Après la “révolution ciclosporine”, voilà 10 ans, après les travaux démontrant l’importance de la barrière cutanée et le développement consécutif de nouveaux traitements topiques, qui ont remis au goût du jour les traitements locaux en dermatologie, après l’apparition sur le marché de nouveaux traitements antiparasitaires de plus en plus efficaces, l’avenir est sans doute au développement de traitements plus ciblés, à l’instar des biothérapies, qui révolutionnent actuellement la dermatologie chez l’homme.

• 1 American Academy of Veterinary Dermatology, American College of Veterinary Dermatology, European Society of Veterinary Dermatology, European College of Veterinary Dermatology, Canadian Academy of Veterinary Dermatology, Asian Society of Veterinary Dermatology, et Dermatology Chapter of the Australian and New Zealand College of Veterinary Scientists. La WAVD s’est récemment rapprochée de la Sociedad Latinoamericana de Dermatología Veterinaria, afin d’améliorer la communication avec l’Amérique latine. Il est probable que cette société rejoigne l’association dans un futur proche.