CONFÉRENCE
Pratique mixte
FORMATION
Auteur(s) : Olivier Bourry*, Lorenza Richard**
Fonctions :
*Anses de Ploufragan (Côtes-d’Armor).
La comparaison de la pathogénicité d’une souche française et d’une souche biélorusse (Léna) du virus du syndrome dysgénésique et respiratoire porcin (SDRP) confirme que cette dernière est particulièrement pathogène.
L’étude est menée sur 18 porcelets exempts d’organismes pathogènes spécifiques (EOPS), âgés de 6 semaines. Huit d’entre eux sont inoculés avec la souche Léna de génotype 1.3 isolée en Biélorussie en 2007 et cinq le sont avec la souche française Finistère de génotype 1.1. Les cinq derniers ne sont pas infectés (groupe témoin).
Les animaux du groupe Finistère présentent une élévation modérée des températures rectales moyennes (moins de 40 °C) dès le premier jour après l’inoculation, et durant 3 jours, pour un score clinique1 faible (moins de 1/28 en moyenne). En revanche, l’hyperthermie relevée chez les porcs du groupe Léna est importante (40,6 °C en moyenne) et persiste 15 jours après l’infection. Le score clinique moyen est de 3 les trois premières semaines après l’inoculation, avec un pic à plus de 8 le douzième jour. Trois porcs sur huit meurent (taux de 37,5 %), le troisième étant euthanasié en raison d’une forte anémie.
Les lésions relevées chez les deux premiers animaux sont un amaigrissement, une hypertrophie et une hémorragie des nœuds lymphatiques, une atrophie du thymus, une splénomégalie, une pleurésie et une péritonite fibrineuse. Le porc euthanasié présente un amaigrissement, une anémie et du méléna dans le gros intestin. Les lésions notées 45 jours après l’infection chez les porcs survivants sont semblables à celles des porcs infectés par la souche Finistère : essentiellement une hypertrophie des nœuds lymphatiques.
Les porcs du groupe Finistère présentent une baisse du gain moyen quotidien (GMQ) la deuxième semaine postinoculation, qui se rétablit dès la semaine suivante, et une réduction de la consommation alimentaire de 20 % jusqu’à 21 jours, en comparaison au groupe témoin. En revanche, chez les animaux du groupe Léna, la chute du GMQ est immédiate et brutale, et elle persiste 5 semaines après l’infection. La consommation alimentaire chute de 60 % les 3 premières semaines et cela perdure jusqu’à la cinquième semaine.
Une lymphopénie apparaît le deuxième jour chez tous les porcs infectés, puis une lymphocytose se met en place jusqu’au onzième jour. Une monopénie et une anémie transitoire sont observées le second jour avec la souche Finistère, alors qu’une monocytose importante (pic le onzième jour) et une anémie persistante sont notées avec la souche Léna.
La charge virale sérique, détectable dès le deuxième jour postinoculation, est cent fois supérieure chez les animaux du groupe Léna durant 15 jours environ. Elle diminue ensuite progressivement pour devenir négative chez tous les porcs après 35 jours. Le profil de la charge virale dans le liquide broncho-alvéolaire (LBA) est proche de celui observé dans le sérum, à la différence d’une élimination plus rapide de la souche Léna. De plus, la viabilité des cellules collectées dans le LBA est inversement proportionnelle à la charge virale du LBA, quelle que soit la souche.
Enfin, les animaux séroconvertissent le huitième jour postinfection dans les deux groupes, avec l’atteinte d’un plateau dès 15 jours. Les valeurs obtenues chez le groupe Léna sont toutefois significativement plus faibles que celles du groupe Finistère après 22 jours.
En résumé, ces résultats confirment l’hypervirulence de la souche Léna et les auteurs invitent les vétérinaires praticiens à reconnaître les symptômes et les lésions afin de détecter une éventuelle apparition de la maladie en France. De plus, l’étude a été menée avec des porcs EOPS, chez lesquels la symptomatologie liée à des co-infections est limitée. Les porcs d’élevage pourraient ainsi présenter un tableau clinique et une mortalité plus marqués que ceux décrits dans ces conditions expérimentales.
1 Évalué selon une grille adaptée de celle de Weesendorp E., Morgan S., Stockhofe-Zurwieden N. et coll. Comparative analysis of immune responses following experimental infection of pigs with European porcine reproductive and respiratory syndrome virus strains of differing virulence. Vet. Microbiol. 2013;163:1-12.
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