La rage n’est pas encore une maladie du passé ! - La Semaine Vétérinaire n° 1655 du 18/12/2015
La Semaine Vétérinaire n° 1655 du 18/12/2015

Éditorialistes d’un jour

Auteur(s) : Bernard Vallat

En mai dernier, un cas de rage a été diagnostiqué en France chez un bull-terrier provenant d’un pays étranger. Alors que la France est indemne de cette maladie depuis près de quinze ans (2001), une dizaine d’autres cas ont été détectés chez des carnivores domestiques importés illégalement de pays encore touchés par la maladie.

Bien que la rage semble être un lointain souvenir, elle sévit encore dans deux tiers des pays du monde, en Asie, en Afrique, au Moyen-Orient, en Amérique du Sud, mais aussi en Europe centrale. Plus de la moitié de la population mondiale vit en zone endémique et, chaque année, cette maladie tue près de 70 000 personnes (soit une personne toutes les dix minutes dans le monde).

Les vétérinaires ont un rôle capital à jouer pour éviter la réintroduction de ce fléau sur le territoire national. Ce sont eux qui, les premiers, sont amenés à déceler et à surveiller les cas suspects, puis à mettre en œuvre les moyens nécessaires pour confirmer la maladie et éviter sa propagation. Ils sont, en outre, les mieux placés pour informer les propriétaires d’animaux sur les mesures préventives nécessaires et les risques existants lorsqu’ils voyagent avec leur compagnon en pays infecté, ainsi que sur la conduite à suivre pour importer un carnivore domestique en France, notamment en termes d’identification, de vaccination antirabique, de tests sérologiques et de certification sanitaire. Pour cela, ils se doivent de tenir à jour leurs connaissances de la législation en vigueur sur ces sujets. La gestion d’un cas de rage importé est toujours lourde à la fois sur le plan animal et sur le plan humain. Le bull-terrier enragé diagnostiqué il y a six mois avait mordu plusieurs personnes, qui se sont vu administrer, en urgence, un traitement prophylactique postmorsure, comme c’est le cas chaque année pour près de 29 millions d’individus de par le monde, contre cette maladie dont l’issue est mortelle pour l’homme, une fois les symptômes déclarés.

L’été passé, le ministère de l’Agriculture a développé la campagne d’information “Gare à la rage” en vue d’appuyer les vétérinaires dans les recommandations qu’ils fournissent aux voyageurs, rappelant les risques liés à la maladie, les démarches devant être effectuées avant de partir pour l’étranger avec un chien, un chat ou un furet, et les conséquences liées à l’introduction frauduleuse d’un animal dont le statut sanitaire est inconnu, même si l’animal semble être en bonne santé.

Dans plus de 95 % des cas, la rage est transmise à l’homme par morsure d’un chien infecté. Contrairement à de nombreuses autres maladies, nous disposons aujourd’hui de tous les outils nécessaires pour l’éliminer d’ici à 2050.

L’OIE s’engage depuis des décennies pour combattre cette maladie dans le monde, avec l’appui de ses laboratoires de référence, français pour plusieurs d’entre eux, et grâce au développement de normes intergouvernementales qui incluent, entre autres, pour cette maladie à déclaration obligatoire, des recommandations sur les certificats de chiens en provenance de pays infectés, ainsi que la conduite à tenir lors d’importation d’animaux depuis des pays infectés.

L’OIE travaille, de plus, en étroite collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), au développement de recommandations internationales pour une meilleure collaboration entre les secteurs de la santé humaine et animale, sur la base du concept One Health (“une seule santé”), et la mise en œuvre mondiale, régionale et nationale des stratégies appropriées. Dans ce contexte, les 10 et 11 décembre derniers, s’est tenue à Genève une conférence mondiale conjointe OIE-OMS sur l’éradication de la rage transmise par les chiens1.

En hébergeant cette conférence dans la ville où se trouve son siège et en la coorganisant avec l’OIE, l’OMS reconnaît enfin qu’en combattant la rage en priorité à sa source animale canine grâce à l’action des vétérinaires on pourra se rapprocher du “zéro cas” humain dans le monde.

Chers confrères, nous sommes tous concernés. N’attendons plus pour nous mobiliser et faire de la rage un lointain souvenir.

  • 1 Conférence organisée en collaboration avec la FAO, avec le support de l’Alliance mondiale contre la rage (Garc).

Bernard Vallat (T 71) occupe, depuis le 1er janvier 2001, le poste de directeur général de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), après avoir notamment été nommé au poste de directeur général adjoint de la DGAL en 1995. De nombreuses thématiques, telles les zoonoses, lui tiennent à cœur. La lutte contre la rage fait partie des priorités de l’OIE.

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