Vers un franciscanisme universel ?

L’actualité ne fait que confirmer l’influence déterminante que la religion exerce toujours sur les hommes à travers le monde, y compris dans les sociétés dites laïques. Un ascendant spirituel qui, depuis l’aube de l’humanité, détermine également nos relations aux autres êtres vivants avec lesquels nous partageons l’espace et les biens de cette planète… avec une certaine ingratitude. Spécialiste des relations homme-animaux, l’historien Éric Baratay œuvre depuis longtemps à un décentrement idéologique de sa discipline, affirmant que non seulement les animaux ont une histoire mais qu’il est possible de l’envisager de leur point de vue¹. Ses travaux – qui ont inspiré le dernier opus de Jacques Perrin (présenté ci-contre) – l’avaient amené à se pencher, il y a déjà vingt ans, sur les rapports entre la chrétienté et l’animal². Élargissant ici sa réflexion aux deux autres grands monothéismes (islam et judaïsme), ainsi qu’à des univers religieux plus éloignés (chinois, amérindiens), il montre avec ce petit livre – qui va à l’essentiel – que les divers textes sacrés sont à l’origine favorables aux animaux, alors qu’il n’en a pas été de leurs interprétations successives, qui ont toujours cherché à y puiser des arguments pour placer l’homme au-dessus des autres créatures. Observant dans un dernier chapitre que les religions se repositionnent aujourd’hui pour revaloriser les animaux, l’auteur y entrevoit l’espoir d’un syncrétisme animal. En espérant pieusement que l’avenir lui donnera raison.

• ¹ Voir La Semaine vétérinaire n° 1488 du 23/3/2012, page 51.

• ² L’Église et l’Animal, Les Éditions du cerf, 1996.