LE PARTAGE DU SENSIBLE

Il y a encore moins d’une décennie, l’attribution aux animaux d’émotions ou de pensées suscitait toujours, chez certains de nos confrères académiciens, la plus chaste réserve. Mais, à la différence du scepticisme méfiant, la science sait heureusement toujours se remettre en question. À l’aide d’expériences de laboratoire à la fois simples et inventives, de très rigoureux chercheurs ont bouleversé nos connaissances sur le monde affectif des animaux. Ils ont démontré que leurs sociétés n’étaient pas uniquement régies par les conflits, que la coopération, l’empathie, la compassion, l’altruisme, la loyauté, l’esprit de justice n’étaient pas des spécificités humaines, pas plus que la morale, que l’on envisage désormais comme une possible adaptation à la complexité de la vie sociale. En nous informant de tout cela, Ce que ressentent les animaux n’apprendra sans doute pas grand-chose à ceux qui ont suivi de près la révolution intellectuelle que les progrès des neurosciences et de l’éthologie ont initiée. Trop kaléidoscopique (le film se promène d’un laboratoire à l’autre aux quatre coins de la planète) pour pouvoir approfondir son sujet, privilégiant les travaux sur les mammifères plutôt que sur les oiseaux (tout aussi déterminants), le documentaire n’en dresse pas moins un état des lieux des recherches en éthologie aujourd’hui, et, ce faisant, prend acte auprès du public de l’évidence de déconstruire notre anthropocentrisme.

Ce que ressentent les animaux de Gabi Schlag, Allemagne, 52 min, diffusion sur Arte le 5 février à 22 h 30.