La revanche des proies

Maîtres planétaires du divertissement, les studios Disney fabriquent – plus qu’ils ne suscitent – de l’imaginaire. Leurs images animées racontent des quêtes positives semées d’embûches promettant que chacun sera un héros s’il ne renonce pas à ses rêves. Anthropomorphisés à l’extrême, les animaux parlants sont les hérauts de ces utopies. Ce dernier opus s’attache à une ravissante lapine décidée à faire carrière dans la police (qui recrute habituellement des animaux plus redoutables) et nous décrit Zootopie, cité idéale – sur le modèle des mégapoles modernes –, où toutes les espèces de mammifères cohabitent pacifiquement, divisée en quartiers adaptés aux différents particularismes (de taille et de biotopes). Le film joue alors sur l’ambiguïté de sa propre mystification animalière en pimentant l’intrigue d’un mystère : la régression de quelques “Zootopiens” carnivores à l’état sauvage. Révélant soudain leur véritable nature, le voile du mirage “disneysien” semble se déchirer sous leurs griffes furieuses. Mais après un instant de trouble, l’héroïne et son acolyte vulpin découvrent une machination… qui visait à ostraciser les prédateurs en jetant sur eux le soupçon d’un atavisme bestial. Le complot déjoué, la fiction triomphe et claironne pour l’avenir son vœu de tolérance : plus on se comprendra les uns les autres, meilleur sera le monde. Graphiquement très aboutie, l’animation mixe, avec astuce et pas mal d’humour, clichés occidentaux et stéréotypes animaux.

Zootopie de Rich Moore et Byron Howard, États-Unis, 1 h 48, sortie le 17 février.